L’industrie : Malaimée ou méconnue ?
Comment permettre aux jeunes et au grand public de connaître la réalité et les enjeux de l’industrie ? Revivez la soirée organisée par La Fabrique en partenariat avec Mines Paris Tech
La Fabrique de l’industrie a dédié cet événement à la valorisation de l’industrie souvent méconnue et malaimée et à la sensibilisation du grand public et surtout des jeunes. La complémentarité des intervenants et la qualité des échanges ont été saluées par tous les participants.
Introduction
Louis Gallois (Président de la Fabrique de l’Industrie) : Ce qu’il faut expliquer à nos jeunes, c’est que l’industrie est essentielle pour créer de l’emploi, pour résister aux crises, pour assurer la croissance économique et préserver l’indépendance de notre pays. Mais il faut surtout leur dire que l’industrie, c’est formidable, non seulement parce qu’elle propose une très grande variété de métiers, mais aussi parce qu’elle est mondiale et qu’elle offre de multiples opportunités de voyager et de communiquer avec des gens du monde entier.
Il faut aussi rassurer nos jeunes en leur expliquant que la France possède de nombreux atouts pour relancer son industrie : une recherche de pointe, de grandes entreprises dynamiques, une énergie relativement bon marché, des services publics et des infrastructures qui fonctionnent. Ce qui nous manque surtout, c’est la confiance en nous-mêmes, car nous sommes les spécialistes de l’autodénigrement, et aussi la confiance entre acteurs de l’industrie : entreprises grandes et petites, partenaires sociaux, pouvoirs publics, système de recherche, système de formation, etc. S’il y a un exemple à prendre sur l’Allemagne – qui ne me semble pas devoir être considérée comme un modèle en soi – c’est bien pour le climat de confiance que nos voisins ont été capables de créer autour de leur industrie. Pour y parvenir, un seul moyen : dire ce que l’on fait, c’est-à-dire assurer la transparence, et faire ce que l’on dit, c’est-à-dire respecter ses engagements. C’est à ce prix que nous restaurerons la confiance dont nous avons impérativement besoin.
Laurent Guez : Ce débat prend place dans le cadre de la troisième Semaine de l’industrie, une initiative issue des états généraux de l’industrie organisés en 2010. La question posée ce soir est de savoir si l’industrie est malaimée ou méconnue, et les deux sont sans doute liés.
Il faut absolument réussir à faire davantage aimer l’industrie si l’on veut attirer des talents pour la faire vivre et prospérer, renforcer la fierté de ceux qui appartiennent à la communauté industrielle et aider ainsi les chefs d’entreprises et leur encadrement à réussir dans un environnement difficile. Malheureusement, lorsqu’on interroge les jeunes, comme cela a été fait dans le micro-trottoir qui vient de nous être présenté, le résultat est assez catastrophique.
Cela vient sans doute en partie de l’image que les grands médias donnent de l’industrie. La plupart du temps, ils se cantonnent aux problèmes sociaux et aux fermetures d’usines et voient l’industrie comme une victime de la mondialisation, plutôt que comme un secteur porteur d’avenir. C’est toutefois en train de changer. De temps en temps, mes confrères journalistes se font l’écho des grands contrats remportés par nos industriels, comme celui que vient de signer Airbus, des innovations réalisées par nos entreprises, ou encore des salons professionnels organisés dans notre pays. Il faut aller beaucoup plus loin et réussir à faire “saliver” nos jeunes et plus généralement nos concitoyens sur l’industrie et sur les usines d’aujourd’hui.
Comment y parvenir ? Nous allons y réfléchir en trois étapes. Le premier entretien, avec Pierre Gattaz et Jean-Pascal Charvet, sera consacré à la façon de rapprocher l’industrie et les jeunes ; le deuxième, avec Simon d’Hénin, Flore Dallennes et Baptiste Meyniel, au design des visites d’entreprises ; le troisième, avec Christel Bories et Pierre-Noël Giraud, à la façon de raconter l’industrie.
Cette soirée s’est articulée autour de trois tables rondes :
Rapprocher l’industrie et les jeunes
– Pierre Gattaz, président du directoire de Radiall et président du GFI
– Jean-Pascal Charvet, directeur général de l’ONISEP
Les créatifs dans les usines – l’expérience des designers de l’ENSCI-Les Ateliers
– Simon d’Hénin, enseignant à l’ENSCI – Les Ateliers
– Flore Dallennes et Baptiste Meyniel, étudiants à l’ENSCI
Raconter l’industrie
– Christel Bories, directrice générale déléguée d’Ipsen et vice-présidente de la Fabrique de l’Industrie
– Pierre-Noël Giraud professeur à MINES ParisTech
Vous pouvez visionner la vidéo de cette soirée sur notre chaîne YouTube.