L’énigme de l’investissement des entreprises françaises

Les entreprises françaises ont depuis dix ans un niveau d’investissement plus élevé que leurs homologues dans la plupart des autres pays européens, sans que cela ne produise les bénéfices économiques attendus. La Fabrique de l’industrie, en collaboration avec France Stratégie, propose une synthèse pour décrypter ce paradoxe.

Les entreprises industrielles françaises investissent beaucoup plus dans les actifs immatériels (logiciels, bases de données, R&D…) que leurs homologues européennes, relativement à leur valeur ajoutée. Le taux d’investissement élevé dans cette catégorie d’actifs contribue largement à expliquer que, toutes formes d’actifs confondues, l’investissement de l’industrie manufacturière soit globalement plus élevé en France que dans la plupart des autres pays européens.

En revanche, l’investissement dans les machines et équipements est un peu plus faible que chez nos voisins, ce qui pourrait expliquer en partie certaines performances économiques décevantes de l’industrie française.

Les investissements parfois appelés « non productifs » (construction et mise en conformité réglementaire) ne semblent pas freiner les investissements productifs. L’investissement en construction ne représente qu’une faible part des dépenses d’investissement de l’industrie manufacturière française. Cette part est comparable à celle réalisée en Italie et aux Pays-Bas et est moins élevée qu’en Espagne et au Royaume-Uni. La mise en conformité réglementaire implique des coûts supplémentaires qui peuvent être élevés mais qui, pour la plupart, ne sont pas propres à la France. En particulier, les dépenses d’investissement des industriels liées à la réglementation française n’expliquent qu’une part limitée du surplus d’investissement par rapport à l’Allemagne.

L’effort d’investissement important de nos entreprises dans l’immatériel semble cohérent avec l’image d’une « industrie du futur » qui s’appuie sur les outils numériques pour être plus compétitive. Il reste à comprendre pourquoi il ne s’est pas traduit jusqu’à présent par des gains plus nets en matière de productivité et de compétitivité.

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