À la recherche de l’immatériel : comprendre l’investissement de l’industrie française
L’investissement immatériel de l’industrie française est moins élevé qu’on ne le croit. Cette Note explique pourquoi le taux d’investissement dans les logiciels des industriels français apparaît aussi élevé dans les comptes nationaux.
À l’heure de l’industrie dite « 4.0 », l’investissement dans les logiciels et bases de données contribue à la numérisation de la production industrielle et à la compétitivité des entreprises. Selon les statistiques internationales, le taux d’investissement dans les logiciels des industriels français est bien plus élevé que celui de leurs homologues européens, depuis longtemps et pour tous les secteurs manufacturiers. Pourtant, leurs performances économiques ne les distinguent pas particulièrement de celles de leurs partenaires. Cette Note élaborée par La Fabrique de l’industrie et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) examine les raisons de cet écart pour comprendre l’investissement immatériel des industries françaises.
Comprendre l’investissement immatériel des industries françaises.
Nous détaillons dans ce document les raisons de cet écart, chiffrés entre 6,7 et 8,5 milliards d’euros annuels de formation brute de capital fixe (FBCF), entre l’industrie française et la moyenne de ses homologues. Nous écartons les explications de nature sectorielle ou structurelle et montrons que cela découle principalement de pratiques de comptabilisation différentes entre les offices statistiques nationaux. Ainsi, l’immobilisation des logiciels et bases de données est bien plus importante dans les données françaises que dans les pays étudiés (ici l’Allemagne, l’Espagne, les États-Unis, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni). Cette particularité est particulièrement prononcée pour la fabrication des produits informatiques, électroniques, optiques et électriques et la fabrication des matériels de transport.
Malgré cet écart de nature comptable, les dépenses en logiciels et services informatiques demeurent comparativement élevées dans l’industrie française, et estimées à un peu plus de 2 milliards d’euros annuels.
Pourtant, les données issues de la comptabilité des entreprises esquissent un tableau légèrement différent. Elles reflètent elles aussi l’importance des actifs immatériels relatives à l’investissement total mais ne détectent pas l’accélération de l’accumulation du capital immatériel exprimée par les séries macroéconomiques.
En outre, les données d’entreprises révèlent l’importante disparité de l’investissement immatériel. Ce dernier est très concentré au sein d’une poignée de gros investisseurs, ce qui peut expliquer la faiblesse des effets constatés sur la productivité agrégée. L’investisseur immatériel typique est une grande entreprise appartenant à un groupe, exportatrice et importatrice, et réalisant des investissements matériels élevés. Elle appartient souvent au secteur des transports ou des équipements électroniques et informatiques.
Une telle hyper concentration de l’investissement immatériel suggère que la transformation du tissu industriel vers l’industrie 4.0 n’en est encore qu’à ses débuts.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants souhaitant comprendre les ressorts de l’investissement immatériel privé. Elle fait suite à une précédente publication de la Fabrique, centrée sur l’efficacité de l’investissement en France.
Pour commander la Note en version papier, rendez-vous sur le site des Presses des Mines.