L’impact des investissements directs étrangers sur l’industrie britannique : quelles leçons pour la France ?
La crise financière de 2008 a fait prendre conscience aux pouvoirs publics britannique des risques d’une trop forte dépendance de l’économie aux services. Le gouvernement a donc promu une politique volontariste pour « rééquilibrer l’économie » en faveur du secteur manufacturier.
Depuis plus de vingt ans, le Royaume-Uni est la destination privilégiée des investisseurs étrangers en Europe. Ce positionnement est le fruit d’une politique volontariste de longue date. L’ouverture massive aux investisseurs étrangers débute avec l’arrivée aux pouvoir de Thatcher en 1979. Celle-ci donne la possibilité aux groupes étrangers de racheter 100 % des actions d’entreprises cotées au Royaume-Uni. Les investisseurs étrangers deviennent alors des catalyseurs de la compétitivité britannique. Depuis, les gouvernements successifs n’ont cessé de prendre des mesures (aides directes, subventions, réglementation, flexibilité du marché du travail, conseils, etc.) pour les attirer.
Le cas de l’industrie automobile est emblématique des effets positifs des investissements étrangers sur l’économie nationale. L’implantation de Nissan à Sunderland est notamment devenue un symbole de la renaissance de l’industrie au Royaume-Uni. Cette usine, créée en 1984 et mise en service en 1986, est aujourd’hui parmi les plus compétitives au monde. Elle a permis de revitaliser la région du Nord-Est de l’Angleterre en créant des emplois directs et indirects (création d’un tissu de fournisseurs, développement de centres de recherche et de formation, etc.) et contribue au dynamisme économique du pays. D’autres secteurs (la sidérurgie notamment) ont vécu des destins très différents, les IDE semblant alors précipiter un mouvement de déclin tendanciel.
La France et le Royaume-Uni présentent de nombreuses similitudes, tant démographiques qu’économiques, mais ne partagent pas la même conception de l’action publique, ni le même patriotisme économique. Contrairement à notre pays, le Royaume-Uni a vendu la plupart de ses fleurons nationaux ce qui lui a permis, dans une certaine mesure, de reconstituer certains secteurs industriels (automobile, aéronautique, pharmacie), qui font figure aujourd’hui d’atouts pour le pays.
L’analyse de la politique britannique en matière d’IDE soulève tout de même de nombreuses interrogations. Le maintien d’une industrie forte dans un pays passe-t-il par la préservation de ses champions nationaux ou par l’attraction d’implantation d’entreprises étrangères ? Est-ce que les centres de décision et les sites de production construisent de la même façon des avantages comparatifs solides et par conséquent des emplois sur le sol national ? Quelles sont les conditions à mettre en œuvre pour éviter les rachats hostiles ? Comment peut-on attirer des investisseurs étrangers à l’heure de Brexit ?
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Nous vous proposons l’étude publiée en novembre 2017 «L’investissement étranger, moteur de la réindustrialisation au Royaume-Uni ?».
Cet ouvrage montre comment les IDE peuvent effectivement jouer un rôle décisif dans le regain d’un secteur industriel. Il montre également que ces effets positifs sont limités dans le temps et l’espace quand ils ne sont pas complétés par des politiques territoriales efficaces. Cet ouvrage explore enfin les conséquences possibles du Brexit et révèle combien la traditionnelle philosophie du « laisser-faire » est aujourd’hui remise en question.