Leçons d’une crise antérieure : les ressorts de l’industrie espagnole après 2008
L’objet de cette étude est de comprendre les déterminants du rebond industriel observé en Espagne après la crise de 2008, et d’en tirer des enseignements pour l’après Covid.
Pour mieux savoir comment réagir à la crise actuelle, il peut être utile de se remémorer comment certains pays voisins ont su se remettre de celle de 2008. Après des années de repli en effet, au cours desquelles l’Espagne a perdu près d’un quart de sa production industrielle, la tendance s’est inversée. De 2014 à 2020, l’industrie espagnole a renoué avec la croissance. Sans avoir retrouvé son niveau d’avant-crise, la production industrielle a augmenté chaque année et de nouveaux emplois se sont créés dans le secteur. Le rebond industriel de l’Espagne marque un tournant. À tel point que la presse française se demande si l’Espagne est en passe de devenir « la nouvelle Allemagne ».
Depuis la crise de 2008, l’industrie espagnole a connu, en effet, une nette amélioration de ses performances à l’exportation. En encourageant la flexibilité et la modération salariale, les réformes du marché du travail, mises en œuvre entre 2010 et 2012, ont permis une amélioration notable de la compétitivité-coût des industries espagnoles. De ce point de vue, l’industrie automobile apparaît comme un symbole de la reprise économique. L’Espagne est aujourd’hui le deuxième constructeur européen de véhicules derrière l’Allemagne. Cependant, le dynamisme des exportations s’est fait au prix de difficultés sur le marché intérieur. Si la compétitivité représente un atout indéniable pour sortir de la crise, elle occulte une réalité nationale contrastée, sur fond de chômage et de précarité.
L’objet de cette étude est de comprendre les déterminants du rebond industriel observé en Espagne après la « Grande dépression » de 2008-2009, et d’en tirer des enseignements pour l’après Covid. Mettant en exergue le rôle des exportations dans le dynamisme de l’économie espagnole, cette étude apportera un éclairage sur les choix politiques du pays suite à la crise, en explorant notamment les réformes du marché du travail mises en œuvre entre 2010 et 2012. Enfin, elle lèvera le voile sur les conséquences sociales de ces ajustements et ouvrira le débat sur la soutenabilité du modèle économique espagnol.