Vouloir distinguer l’industrie des services est stérile
La mesure actuelle du poids de l’industrie manufacturière au sein du PIB n’est pas satisfaisante. Un nombre croissant d’entreprises de service contribue à la production, tandis que l’offre des entreprises industrielles s’enrichit en services. La synthèse « L’imbrication croissante de l’industrie et des services » discute des manières d’analyser les dynamiques économique
Analyse du déclin des activités industrielles
Plusieurs phénomènes conduisent à exagérer la perception du déclin de l’industrie au profit des services :
- Les entreprises externalisent certaines tâches, comme l’entretien ou la restauration du personnel. Les emplois correspondants, jadis comptabilisés comme industriels, le sont désormais dans les services.
- Les gains de productivité de l’industrie stimulent la demande de services : plus la productivité de l’industrie d’un pays progresse, plus ses consommateurs s’enrichissent et consomment des services.
Le déclin réel se traduit par la perte de parts de marché : si les producteurs du pays ne sont pas assez compétitifs, le consommateur achète à leurs concurrents étrangers. La part de l’industrie régresse et la balance commerciale est moins favorable.
Une offre hybride
Une part croissante de l’activité des entreprises industrielles consiste à vendre des services. Certains vendent désormais un service incorporant leurs produits, comme Michelin qui vend des pneus au kilomètre parcouru. Au-delà de ces cas extrêmes, beaucoup d’industriels ajoutent une offre de service à leur produit, en proposant par exemple son installation et sa maintenance chez l’utilisateur.
Les emplois strictement liés à la production sont ainsi moins nombreux au sein des industries manufacturières. Les postes de fabrication sont eux-mêmes profondément transformés. Il faut comprendre cette nouvelle réalité de l’industrie pour mieux anticiper les compétences dont les entreprises industrielles auront besoin et concevoir des formations adaptées. C’est un enjeu central pour promouvoir la transition vers l’industrie du futur.
Une nouvelle analyse des dynamiques économiques
P-N.Giraud et P.Frocrain proposent de distinguer les secteurs exposés à la concurrence internationale à ceux qui en sont relativement abrités (1), parce que leur production doit être réalisée près du consommateur, comme les services de proximité ou la construction. Contrairement à ce qu’on croit souvent, la répartition des niveaux de qualification, est à peu près la même dans ces deux secteurs. Leur analyse fera l’objet d’une prochaine synthèse de la Fabrique.
(1)- Frocrain P., Giraud P-N., 2016, « Quantifier les emplois exposés et abrités en France », Note de La Fabrique, à paraître.