Travail : le salariat, un modèle dépassé ?
« Le CDI c’est dépassé. »
« Livreur à vélo, c’est de l’esclavage moderne. »
« Demain, tous indépendants. »
Si, au XXe siècle, nos sociétés avaient réussi à constituer des équilibres autour d’une bipolarité entre salariés et travailleurs indépendants, les changements culturels et économiques actuels du travail les ont rendus caducs. Cette étude propose une méthodologie pour explorer la recomposition de ces équilibres, et débouche sur des pistes concrètes, préfigurées par diverses expériences, en France ou à l’étranger.
Le point de départ de cette étude est la montée des nouvelles formes de travail indépendant sous l’effet du développement de l’économie numérique et des plateformes de rencontre entre offreurs et demandeurs de biens et services, qui fait craindre à certains la fin du travail salarié.
Elle examine dans un premier temps la dynamique de l’emploi en France. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le travail salarié représente encore plus de 85 % de l’emploi total en 2015. Cela étant, il est vrai que les formes de contrats atypiques et la pluriactivité se développent, et que le travail indépendant masque des réalités hétérogènes. D’un côté, on trouve des travailleurs aux profils qualifiés, aux compétences prisées, qui vivent décemment de leur activité, et de l’autre, des indépendants qui travaillent pour un ou quelques donneurs d’ordre dont ils sont économiquement dépendants. Un point commun les lie néanmoins : la quasi-inexistence de droits aux protections sociales et individuelles, la majorité d’entre elles étant assises sur le salariat ou bien accessibles par le biais d’assurances privées.
Pour faire face à ces nouvelles réalités, les auteurs nous invitent à réinterroger les attentes et besoins des travailleurs et des employeurs autour du triptyque : liberté, sécurité, dignité. Ils prennent l’exemple de politiques mises en œuvre dans cinq pays européens, et proposent des pistes de réformes ainsi que des dispositifs qui pourraient être adaptés aux besoins et attentes des travailleurs. C’est ainsi que l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne ont par exemple créé un statut intermédiaire entre le salariat et le travail indépendant, venant renforcer le niveau de protections sociales et individuelles.