Une Italian Way de l’industrie du futur
L’industrie italienne peut-elle trouver un nouveau souffle grâce aux technologies 4.0 ? Deux études sont publiées ce jour par La Fabrique de l’industrie : une Note proposant un voyage au cœur des usines 4.0 italiennes et une Synthèse pour accéder aux enseignements que nous pouvons en tirer.
L’industrie italienne peut-elle trouver un nouveau souffle grâce aux technologies 4.0 ? Contrairement à l’Allemagne, le défi de l’Italie n’est pas forcément de personnaliser la production de masse mais plutôt, à l’inverse, d’industrialiser un modèle quasi-artisanal. Rappelons-le, les microentreprises représentent 95 % des entreprises italiennes. Deux études sont publiées ce jour par La Fabrique de l’industrie : une Note[1] proposant un voyage au cœur des usines 4.0 italiennes et une Synthèse pour accéder aux enseignements que nous pouvons en tirer.
[1] La Note est une traduction d’un ouvrage italien « Industrie 4.0. Uomini e macchine nella fabbrica digitale », publié en 2016 par Edizioni Guerini e Associati Srl.
L’« artisanalité » de l’industrie italienne
En Italie, les PME représentent 99,9 % du total des entreprises. Elles ont participé, bien sûr, à la renommée du Made in Italy mais elles accusent aujourd’hui un certain retard car ni l’innovation technologique ni la formation de la main d’œuvre n’ont été prioritaires pour la majorité d’entre elles. Au-delà du cas particulier des PME, la crise de 2008 a révélé les limites d’un modèle basé sur un mix de créativité, design et qualité et s’appuyant sur une main d’œuvre expérimentée et peu chère. Les entreprises dites « aigles » (le aquile), c’est-à-dire celles qui investissaient dès avant la crise, enregistrent aujourd’hui de meilleurs résultats en matière de croissance et de rentabilité et emploient une main d’œuvre plus qualifiée. Pour toutes les autres, le Piano Nazionale Impresa 4.0 a été lancé en septembre 2016 et consiste essentiellement en des stimulations fiscales.
L’industrie artisanale italienne potentialisée par le numérique
La flexibilité et la personnalisation caractérisent déjà la production italienne. Les technologies de l’industrie 4.0 constituent donc une opportunité d’allier croissance et productivité aux qualités propres de l’industrie italienne. La spécialisation de niche, adoptée par de nombreuses PME italiennes, présente une compatibilité intéressante avec les technologies de l’industrie 4.0, créant ainsi une possible Italian Way de la production intelligente, même si la révolution 4.0 n’en est qu’à ses prémices.
Les transformations induites par l’industrie 4.0
Les auteurs italiens de l’étude originale ont effectué un long voyage dans des usines de grands groupes italiens (Alstom, Pirelli, Fincantieri, etc.) afin de relater des exemples concrets de l’impact des technologies 4.0 sur l’organisation du travail. Les auteurs relèvent des situations très hétérogènes, qui ne permettent pas d’accréditer l’idée d’un « modèle italien » en général. En outre, Pierre Veltz, qui préface la Note, se dit frappé par les effets ambivalents de l’industrie 4.0 : « Elle ouvre aussi bien la possibilité de tâches considérablement enrichies que celle d’un ultra-taylorisme ». L’ouvrier polyvalent, « qui sait faire un peu de tout », remplace l’ouvrier spécialisé, attaché à un métier et dont les compétences sont le fruit de l’expérience. Il faudra l’implication de toutes les parties prenantes pour que cette polyvalence attendue dans l’industrie du futur engendre non pas une « aliénation 4.0 » et un appauvrissement des postes mais bien plutôt un enrichissement des tâches.