Travail, emploi et dynamiques territoriales
Du 13 au 20 septembre a eu lieu, au sein du centre culturel international de Cerisy, un colloque intitulé : « Le travail en mouvement : organisations, frontières, reconnaissances ». Co-organisé par la nouvelle chaire « Futurs de l’industrie et du travail : formation, innovation, territoires » (FIT2) de Mines ParisTech, dont la Fabrique de l’industrie est membre fondateur, il a rassemblé chercheurs, praticiens et citoyens intéressés.
Politiques publiques
Éloge de la diversité dans les politiques de développement territorial – Olivier Bouba-Olga
Organiser une agglomération pour stimuler l’emploi : l’exemple de Vitré – Pierre Méhaignerie
Expérience de la réindustrialisation d’un territoire de 82 000 habitants dont un syndicat de salariés, lors d’un congrès en 1976, avait donné une vision extrêmement sombre: taux de chômage élevé, salaire faible, travail pénible, vide culturel et social et il avait conclu « que le Pays de Vitré était appelé à disparaître » (Titre du journal Ouest-France). Dès lors, comment ce bassin d’emploi, de 82 000 habitants aujourd’hui est-il parvenu à retourner la situation avec un taux de chômage de 4.8 %, un taux d’actifs dans l’industrie de 40%, une présence de 14 entreprises de plus de 500 salariés dans un périmètre de 10 à 15 minutes autour de Vitré, un salaire moyen brut qui le place entre le 2ème et le 4ème rang des 18 zones d’emploi de Bretagne ? Une étude de l’ADCF de 2011 avait classé Vitré Communauté au 1er rang des 220 communautés d’agglomération au titre de l’économie productive et au 2ème rang de l’indice d’inégalité le plus faible (indice de GINI).
Vers un dialogue social territorial- Frédéric Rey
Les transformations du travail s’accompagnent d’une recomposition en profondeur des échelles et des lieux de la régulation. D’une part, les alternatives au salariat et les formes nouvelles de travail — qui ont toujours constitué de véritables défis pour les systèmes traditionnels de régulation —, posent la question des espaces pertinents de leurs régulations collectives. D’autre part, le centre de gravité du système français de relations professionnelles s’est considérablement déplacé vers l’entreprise. Ces évolutions — transformations du travail, de l’emploi, décentralisation — entraînent un affaiblissement sans précédent des modalités antérieures, nationales et sectorielles, de la régulation. Notre contribution reviendra dans un premier temps sur ces dynamiques scalaires et les enjeux associés pour les replacer dans la perspective du demi-siècle écoulé — des années 1980 aux récentes ordonnances. Ces éléments de contexte rappelés, elle mobilisera dans un second temps l’histoire parallèle des expérimentations territoriales de dialogue social en direction des petites entreprises, et leur institutionnalisation actuelle, pour illustrer l’ambivalence des recompositions à l’œuvre entre logiques de fragmentations et créations de nouvelles échelles territoriales de la régulation.
Accompagner ceux qui sont « éloignés de l’emploi »
Quelques expérimentations locales soutenues par la Fondation de France – Jean-Marie Bergère
Territoires zéro chômeur : l’entreprise à but d’emploi de Colombelles – Hervé Renault
Premiers retours sur l’expérimentation « Territoires zéro chômeur » dans le Calvados (ATIPIC Emplois Nouvelle Génération).
Les fablabs d’insertion à Montreuil et Gonesse – Vivien Roussel
Un certain nombre d’acteurs de l’éducation — du secteur privé aux institutions publiques, jusqu’au niveau international — mettent en œuvre des politiques axées la fois sur l’application des modalités de type fablabs et sur l’innovation pour déployer la créativité et les capacités d’empowerment chez les jeunes. Le paradigme du « faire » est invoqué comme nouvel attrait pour engager les jeunes dans l’action et dans les activités pédagogiques, autour des outils numériques (au sens large) et aussi dans l’idée de « rendre tangibles » et concrètes leurs actions. Tout en s’inscrivant dans ces démarches et logiques, les dispositifs de formations mandatés par Co-dev cherchent à déplacer le « learning by doing » à des fins d’insertion de jeunes en situation de précarité et en ruptures économique, sociale, territoriale, voir même identitaire. L’analyse des pratiques et des activités permettra de mieux envisager ce qui s’y passe et d’en comprendre les profondes raisons, ainsi que les choix de transmission et de perspectives d’avenir offerts à ces jeunes — dans la complexité du marché de l’emploi contemporain.