Sept ambitions pour 2025 Rapport de la commission présidée par Anne Lauvergeon
Le 11 octobre dernier, Anne Lauvergeon a remis au Président de la République un rapport présentant sept « Ambitions » destinées à conforter la compétitivité économique de notre pays sur le long terme.
Le Gouvernement présente usuellement la politique industrielle qu’il a engagée en trois volets, correspondant à trois temporalités différentes. Le premier concerne le soutien aux activités existantes, avec une attente de résultats à horizon du quinquennat. L’outil principal en est le Conseil national de l’industrie, installé le 5 février 2013, dont les treize comités stratégiques de filières conviennent des engagements réciproques entre les industriels concernés et l’Etat. Le deuxième volet consiste à accélérer la maturation d’objets industriels prometteurs : ce sont les 34 « plans de reconquête » présentés le 12 septembre dernier à l’Elysée, financés par le programme d’investissements d’avenir, la BPI et des apports privés.
C’est de la conception du troisième qu’était chargée la commission « Innovation 2030 » présidée par Anne Lauvergeon. Il s’agissait cette fois d’identifier des choix stratégiques d’innovation : des ruptures technologiques porteuses de compétitivité à long terme, capables de donner naissance à de nouveaux secteurs d’activité à horizon 2025 ou 2030. Pour le moment, leur financement devrait être assuré par le programme d’investissements d’avenir à hauteur de 150 M€.
La commission a choisi de ne retenir que sept items, afin de rester sélective : le stockage de l’énergie, le recyclage des métaux rares, la valorisation des richesses marines (métaux et dessalement de l’eau de mer), les protéines végétales et la chimie du végétal, la médecine individualisée, la silver economy et la valorisation des données massives.
A la lecture du rapport, il apparaît que ces sept « Ambitions » ont été retenues principalement sur la base de dires d’experts : la commission s’est davantage appuyée sur les auditions, nombreuses, de personnalités que sur une méthodologie bibliométrique très détaillée. Ces domaines ont été passés à plusieurs cribles pour être retenus : ils correspondent à des besoins croissants dans les décennies à venir, tant du fait des attentes sociétales exprimées que de l’évolution du contexte international, mais aussi à des marchés sur lesquels les entreprises françaises peuvent espérer s’appuyer sur des atouts technologiques et industriels.
Ce qui frappe plus encore le lecteur, c’est le soin mis par la commission à réfléchir aux conditions d’une mise en œuvre cohérente et proportionnée : appels à projets d’ici fin 2013, conventionnement rapide pour les projets d’amorçage début 2014, phase de levée de risque et de développement…
On ne sait pas encore comment les pouvoirs publics donneront suite à ces recommandations. On note cependant que la commission Lauvergeon s’est autosaisie de la tâche de suivre le bon avancement du chantier, prévoyant de réunir à échéances régulières un grand nombre de parties prenantes pour proposer les « mesures législatives, réglementaires et administratives nécessaires au déploiement des sept Ambitions. »