Le Royaume-Uni restera-t-il une destination privilégiée pour les investisseurs étrangers ?
En dépit de la volatilité du contexte économique et politique mondial, les investissements directs étrangers restent l’un des moteurs persistants de l’économie européenne : le nombre d’implantations et d’extensions internationales y a même fortement augmenté entre 2015 et 2016 (+15%) créant 260 000 emplois.
En dépit de la volatilité du contexte économique et politique mondial, les investissements directs étrangers restent l’un des moteurs persistants de l’économie européenne : le nombre d’implantations et d’extensions internationales y a même fortement augmenté entre 2015 et 2016 (+15%) créant 260 000 emplois. Le Royaume-Uni, malgré les conséquences du référendum de juin 2016, n’échappe pas à cette confiance retrouvée des entreprises internationales : avec 1 144 projets recensés par EY en 2016, il reste de loin la première destination en Europe, devant l’Allemagne et la France.
Cette dynamique ne saurait éluder les premiers signes d’infléchissement de l’attractivité britannique : la tendance 2015-2016 des projets d’implantation vers « Destination UK » n’était que de 7 %, soit la moitié du rythme européen. En un an, le nombre de projets industriels a même chuté (-13 %), tout comme le nombre de centres de R&D (-37 %). Les investisseurs se crispent : seraient-ce
les prémices d’un recul plus net à venir ? Selon l’étude EY Plan B…for Brexit parue en janvier 2017, 14 % des entreprises internationales implantées au Royaume-Uni envisageraient de transférer tout ou partie de leur activité. Le spectre de la disparition du passeport financier européen a évidemment des impacts sur les choix de l’industrie bancaire et financière, mais aussi sur les entreprises à dominante technologique ou industrielle, qu’elles soient d’origine européenne, américaine ou asiatique, qui avaient massivement choisi le Royaume-Uni comme tête de pont en Europe.
Les entreprises implantées au Royaume-Uni qui se fournissent en pièces ou composants en Europe devront revoir leurs supply chains afin d’éviter la montée des coûts et la complexification de leurs opérations. Alors que les modalités de sortie du marché unique sont encore au stade des scénarios, les décisions prennent forme dès maintenant : rester ou partir ? Où investir et recruter ? Plus généralement, comment s’organiser en Europe, face au besoin toujours plus pressant de mobilité des capitaux, des technologies et des talents ?
La France peut être au rendez-vous des investisseurs, mais la concurrence reste forte et notre pays devra se battre pour continuer à les attirer et les retenir. Il lui faudra le faire en sachant s’adapter non seulement au Brexit, mais également à un contexte mondial sans précédent : géopolitique américaine, russe ou chinoise, instabilité aux frontières de l’Europe, force des mouvements migratoires, mais aussi émergence de nouveaux modes de vie et de consommation. Et il lui faudra le faire en ouvrant franchement ses portes aux impératifs de compétitivité et d’innovation que les dirigeants interrogés par EY appellent de leurs voeux.