Renault Douai : la renaissance par le haut-de-gamme

Le site Renault de Douai s’est métamorphosé pour fabriquer le nouvel Espace, véhicule qui porte désormais les ambitions de Renault dans le haut-de-gamme. Trois ans et 420 M€ ont été nécessaires.

La production du nouveau Renault Espace est sur le point de démarrer à Douai. C’est le début d’une renaissance pour l’usine George-Besse, inaugurée en 1974 avec la Renault 5. Elle avait atteint un sommet en 1983 avec plus de 8 000 salariés. Depuis l’emploi baissait régulièrement jusqu’à un étiage de moins de 3 600 employés. L’arrivée de l’Espace met fin à décroissance.

Le site de Douai produit actuellement trois modèles différents de Scénic ainsi que la Mégane coupé-cabriolet. Outre le nouvel Espace, il est d’ores et déjà retenu pour fabriquer la prochaine génération de Scénic ainsi que la voiture qui remplacera sous peu la Laguna. Compte tenu de la diversité des versions, ce seront alors cinq modèles différents qui sortiront des chaînes. De quoi assurer la pérennité du site. Ce dernier comptera rapidement près de 4 200 employés. Les deux équipes travaillent actuellement au rythme de 45 véhicules/heure et la capacité de l’usine pourra monter jusqu’à 60 par heure.

Le renouveau du site de Douai est entièrement dû à la volonté de Renault de se relancer dans le haut-de-gamme, avec le nouvel Espace, et constitue l’aboutissement de la nouvelle organisation industrielle résultant de l’accord de compétitivité maison. Le site de Sandouville, qui fabriquait les précédents modèles d’Espace, s’est reconverti dans les utilitaires et a relocalisé la production du Trafic. Et c’est celui du Douai qui s’est transformé pour recevoir les produits haut-de-gamme du groupe.

L’Espace 5 représente un très gros pari pour Renault, qui a complètement repositionné ce véhicule. Fini le monospace familial destiné d’abord aux particuliers : voici le « crossover », qui se situe un cran au-dessus. Il concurrence en effet directement les productions allemandes et vise en premier lieu le marché des flottes d’entreprises, qui est en constante croissance et pourrait représenter jusqu’à 70 % des ventes.

Pour satisfaire la clientèle visée par ce produit, extrêmement exigeante, un bond en avant de qualité a été nécessaire, tant au niveau du produit que de sa fabrication. Renault a investi lourdement en production : pas moins de 420 M€ pour adapter l’usine de Douai à ce nouveau défi. Un travail de mise à niveau qui aura pris trois ans.

Premier volet de cet investissement : de gros équipements de production. Le nouvel Espace fait en effet largement appel aux plastiques (ailes et hayon), à l’aluminium (portes et capot) et à l’acier embouti à chaud (plus résistant à masse égale) pour une partie de la structure. C’est ainsi qu’il a gagné 250 kg par rapport au modèle précédent, ce qui lui évite un trop lourd malus écologique, rédhibitoire quand il s’agit de flottes d’entreprises. Pour fabriquer ce modèle, Douai a dû s’équiper de deux presses d’injection plastique (le hayon et les ailes étaient jusque-là sous-traités) et d’une presse d’emboutissage à chaud pour l’acier ; l’usine a également modifié ses presses pour les adapter à l’aluminium.

Second volet de la mise à niveau : une réorganisation permettant le passage indifférencié des cinq véhicules sur une même chaîne. Pendant la période transitoire entre le lancement des nouveaux modèles et la fin de vie des anciens, elle en fabriquera même jusqu’à huit !

Le troisième volet de la montée en gamme est celui du processus qualité et de la formation des opérateurs. D’une part, Renault s’est appuyé sur des experts de Daimler et d’Infinity (la marque haut-de-gamme du groupe Nissan), tous deux partenaires du groupe, pour améliorer les processus et le contrôle de la qualité. D’autre part, il s’est agi de faire monter en compétence l’ensemble des équipes du site, pour maîtriser les nouvelles techniques de production liées à l’aluminium et à l’acier embouti à chaud et pour atteindre une meilleure maîtrise de la qualité.
Toutes les équipes de l’usine ont suivi depuis l’été 2013 une « formation passeport usine haut-de-gamme », de quatre jours, soit près de 100 000 heures de formation dispensées au total pour l’ensemble des salariés.

En outre, une formation spécifique de trois semaines a été fournie à chaque opérateur de Douai travaillant sur les mastics pour apprendre à tirer des sertis, particulièrement complexes sur des portes du Nouvel Espace, très découpées. « Ces mastics, qui ne sont pourtant visibles qu’à l’ouverture du capot ou des portes, font intégralement partie de la bonne perception générale du véhicule attendue par les clients de ce type de véhicule » indique Renault.

 

Franck Barnu

Après des études de physique, Franck Barnu s’est dirigée vers la presse industrielle et technologique. Comme journaliste, il a en particulier suivi le domaine des technologies...

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