Obama s’engage sur l’emploi industriel
« Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour rapatrier des emplois industriels dans votre pays et votre pays fera tout pour vous aider à réussir. » Dans son discours sur l’état de l’Union, le président américain Barack Obama a clairement affirmé sa volonté de relancer l’emploi industriel aux Etats-Unis.
Le président américain a ainsi proposé une série de six mesures, à coût nul, pour « supporter » la production manufacturière, freiner les délocalisations et encourager les relocalisations.
1. Supprimer les crédits d’impôts pour les entreprises qui s’implantent à l’étranger et en retour offrir un soutien à celles qui relocalisent (coût nul)
2. Recentrer les aides existantes pour soutenir la production aux Etats-Unis sur les seules entreprises manufacturières et multiplier par deux les déductions d’impôts dans le domaine de la production avancée (coût nul)
3. Créer un nouveau crédit d’impôt pour encourager les investissements dans les collectivités les plus affectées par les pertes d’emploi (coût 6 milliards de dollars)
4. Créer un crédit d’impôt temporaire pour attirer 20 milliards de dollars d’investissement dans des systèmes de production d’énergie propre (coût 5 milliards)
5. Autoriser à nouveau l’amortissement à 100% de l’investissement dans des usines et équipements de production (coût 4 milliards)
6. Corriger un défaut de la réglementation qui permet aux entreprises de transférer leurs profits à l’étranger (rapport 23 milliards)
Ces premières mesures sont complétées par d’autres réflexions sur l’évolution du cadre fiscal, afin de favoriser l’investissement et l’emploi manufacturier aux USA. Parmi elles :
– Faire payer aux multinationales une taxe minimale et l’utiliser pour faire baisser les impôts de entreprises qui produisent localement ;
– Elargir et rendre permanent un crédit d’impôt « recherche et expérimentation » ;
– Simplifier le code des impôts.
On notera l’absence de toute initiative sur le coût du travail.
La présidence juge en effet le moment opportun pour prendre de telles mesures. «Le vent a tourné, nous ne l’avons plus contre nous, il nous pousse», dit Gene Sperling, directeur du National Economic Council de la Maison Blanche, faisant allusion aux fortes augmentations de salaires que connaissent la Chine ou le Brésil.
Cela dit, ces mesures sont loin de faire l’unanimité. De nombreux économistes américains jugent qu’il est illusoire d’espérer de très importantes créations d’emploi dans le secteur manufacturier.
D’autres vont plus loin. Ainsi, Christina Romer, professeur d’économie et ex-présidente du Council of Economic Advisor du président Obama, écrivait dans la presse qu’« il n’y a aucune raison objective pour que l’Etat soutienne l’industrie ». Ce qui lui a valu une réponse de Laura D’Andrea Tyson, professeur à la Haas School of Business et… ex-présidente du Council of Economic Advisor du président Clinton ; elle explique dans un article du New York Times «Pourquoi l’industrie manufacturière est aujourd’hui encore primordiale».
Le débat est bien engagé. Mais les choix du président Obama en faveur de l’industrie sont extrêmement clairs.