Les trajectoires variées des territoires industriels
En plusieurs siècles, l’industrie a imprégné non seulement l’histoire économique et sociale mais aussi les paysages et les cultures de nombre de territoires. Ce sont eux, ces territoires fragilisés par le processus de désindustrialisation à l’œuvre depuis les années 1970, qui sont au cœur de la problématique de la thèse.
En plusieurs siècles, l’industrie a imprégné non seulement l’histoire économique et sociale mais aussi les paysages et les cultures de nombre de territoires. Ce sont eux, ces territoires fragilisés par le processus de désindustrialisation à l’œuvre depuis les années 1970, qui sont au cœur de la problématique de la thèse.
De multiples travaux montrent que des ressources culturelles, patrimoniales ou encore touristiques peuvent être mobilisées dans ces territoires pour soutenir de nouvelles voies de développement économique. Si elles permettent de rompre avec la fatalité du déclin industriel, elles n’éclairent pas pour autant l’avenir de ces territoires à l’aune de problématiques productives. L’hypothèse d’un renouveau est d’ailleurs rarement envisagée, alors même qu’il est désormais avéré qu’on assiste non à une fin de l’industrie mais plutôt à sa profonde transformation. S’ajoutant aux effets de la concurrence internationale, nous savons que de profondes mutations sont à l’œuvre et que de nouveaux enjeux (développement durable, diffusion des technologies numériques, etc.) pourraient redistribuer les cartes. Dans ce contexte, cette thèse interroge l’avenir productif des territoires industriels. En admettant que les territoires sont majoritairement dépendants de leur passé, ce travail analyse les trajectoires socio-économiques locales des cinquante dernières années. Il combine des éléments quantitatifs, pour saisir des tendances nationales, et des éléments qualitatifs à partir de trois cas d’étude : le Bocage Bressuirais (Deux-Sèvres, Nouvelle Aquitaine), Romans-sur-Isère (Drôme, Auvergne Rhône-Alpes) et Annonay (Ardèche, Auvergne-Rhône-Alpes). Ces trois cas ont chacun fait l’objet d’une dizaine d’entretiens auprès d’acteurs locaux (élus, entrepreneurs, techniciens de collectivité territoriale…).
L’analyse rétrospective montre que ces territoires sont pluriels, et qu’ils ont déjà connu des périodes de rebond, de bifurcation, de déclin. Ils sont donc en capacité d’en traverser d’autres. La thèse montre que, selon ces trajectoires, les perspectives et les actions à mener localement sont diverses.
Intérêt pour l’industrie
Cette thèse livre trois principaux résultats, participant à une meilleure connaissance des territoires industriels. Elle présente d’abord un panorama des territoires industriels, distingués en trois grands types de bassins de vie : ex-industriels, tradi-industriels et néo-industriels. Cette typologie permet de cerner la diversité des territoires industriels, à travers leurs caractéristiques sectorielles, spatiales, socio-économiques et démographiques. En d’autres termes, elle défait l’idée d’une supposée fragilité d’ensemble.
La recherche détaille ensuite les multiples trajectoires empruntées dans le passé par ces territoires. Douze dynamiques distinctes sont identifiées et regroupées en quatre grandes formes de trajectoires que sont la mutation, l’évolution, la recomposition et la bifurcation. Ces trajectoires de long terme permettent de comprendre les enjeux auxquels les territoires sont confrontés. Elles témoignent de l’influence de la spécialisation sectorielle, du type d’espace et des tendances macrorégionales.
Elles démontrent enfin l’intérêt spécifique des questions productives dans les territoires industriels non métropolitains : soit parce qu’ils sont encore aujourd’hui industriels et que leur trajectoire atteste d’une certaine vigueur industrielle locale, soit parce que face au déclin de l’emploi industriel, aucun autre moteur n’est venu véritablement, pour l’instant, prendre le relai. La thèse montre enfin qu’un renouvellement productif est possible dans les territoires industriels et propose pour cela plusieurs leviers en matière d’action publique locale.