L’Etat innovant : renforcer les think-tanks

Les thinks tanks, qui jouent un rôle majeur aux Etats-Unis dans le fonctionnement de la démocratie et le renouvellement des idées politiques, se sont développés plus récemment et plus timidement en France.

En France, le journal officiel du 14 août 1998 définit le « laboratoire d’idées » comme un « groupe plus ou moins informel dont les membres interviennent dans les débats publics sur les grands problèmes économiques et de société, parallèlement aux travaux effectués par les administrations publiques ».

McGann et Weaver1 distinguent quatre grands types de think tanks :

  • les think tanks universitaires, « universités sans étudiants » orientés vers la quête de savoir plus que la recherche de pouvoir (IFRI, IRIS…)
  • les advocacy tanks, qui défendent une cause ou une idéologie politique (IFRAP en France, Heritage Foundation aux Etats-Unis ; la Fondapol range aussi l’Institut Montaigne, l’Institut de l’entreprise ou la Fondation Concorde dans cette catégorie).
  • les think tanks liés à un parti politique ou proche de lui (Jean Jaurès pour le PS en France, Konrad Adenauer Stifftung en Allemagne pour la CDU)
  • les instituts de recherche sous contrat (COE-Rexecode en France, Rand Corporation aux Etats-Unis)

 Les think tanks remplissent plusieurs fonctions, à des degrés variables :

  • fabrique à idées : ils élargissent le débat public pour penser « en-dehors de la boîte du prêt-à-penser »
  • vivier de talents et d’experts, qui viennent peupler les équipes en cas d’alternance, surtout aux Etats-Unis où beaucoup de responsables publics viennent du privé et y retournent
  • organisation de rencontres qui permettent la mise en réseau de la société civile
  • formation et implication du public
Si les principaux think tanks américains ont des budgets de 10 à 90 millions de dollars (voire 267 millions pour la Rand Corporation, qui a un statut particulier) et peuvent compter 100 000 fans sur les réseaux sociaux (près de 800 000 pour la Heritage Foundation), les think tanks français ont des budgets (2 à 3 millions d’euros) et des effectifs beaucoup plus modestes (rarement plus d’une vingtaine de salariés). L’IFRI, le seul think-tank français qui apparaît dans le classement des 150 premiers think tanks mondiaux, à la vingt-cinquième place, se démarque avec un budget de 6,2 M€. 

La France dispose de nombreuses institutions publiques d’analyse (Cour des Comptes, Commissariat général à la stratégie et à la prospective, Conseil d’analyse économique…) et son corps politico-administratif, très homogène par sa formation et son expérience, est « relativement fermé à l’expertise externe et indépendante ». Ceci expliquerait le faible poids des think tanks dans notre pays.

Pourtant, selon Marc Patard2 , les think tanks français se professionnalisent progressivement, et trouvent leur place « en se démarquant d’une administration jugée « sclérosée », d’une université dont les recherches sont jugées inaccessibles et loin des enjeux politiques du moment, et à l’encontre des professionnels politiques trop préoccupés par les enjeux électoraux pour occuper une fonction de réflexion ».


1 James G. McGann et Richard Kent Weaver, Think tanks & civil societies. Catalysts for ideas and action, New Brunswick, Transaction Publishers, 2000.
2 Démocratie entre expertise et influence : le cas des think tank français (1979-2012)

 

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La Fabrique de l’industrie est une plateforme de réflexion, créé en 2011, consacrée aux perspectives de l’industrie en France et à l’international. Nous travaillons sur les...

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