Internet : il y a péril en la demeure
L’étude « Internet : prospective 2030 » juge que face à l’hégémonie des entreprises américains dans le domaine d’Internet, il est urgent que les états européens réagissent
Sans trop en avoir l’air, l’étude « Internet : propective 2030 » réalisée à l’initiative du Commissariat général à la stratégie et à la prospective tire un signal d’alarme. Elle affirme en particulier : « Il y a peu encore, Internet pouvait prétendre se développer hors des règles régissant l’économie et la société. Son emprise irréversible impose désormais à la puissance publique de revoir ses stratégies et, pour certaines, à les réinventer en urgence, pour à la fois canaliser certains effets et en stimuler d’autres. »
On comprend l’urgence de la situation lorsqu’on constate la toute puissance des Etats-Unis. L’étude relève ainsi que « 83 % de la capitalisation boursière des entreprises Internet concerne des firmes américaines et seulement un peu plus de 2 % des firmes européennes. » Les entreprises françaises ne pèsent elle que… 0,14% !
Dans ces conditions, le formidable développement à venir d’Internet avec le cloud, les Big Data et, surtout, l’Internet des Objets, amène à s’interroger sur le rôle que la France et l’Europe peuvent jouer.
Force est de constater que les perspectives ne sont pas réjouissantes alors que « se profilent des batailles industrielles intenses pour le partage de la valeur dégagée dans cet écosystème : entre industriels, entre réseaux et services… mais aussi entre nations pour le contrôle stratégique, industriel et fiscal de ces activités. » Et l’étude enfonce le clou en ajoutant : « la puissance industrielle et financière des acteurs américains laisse mal augurer l’issue de ce partage pour l’Europe. »
L’étude, réalisée par des enseignants chercheurs de Télécom ParisTech et des membres de la Fondation internet nouvelle génération (Fing) examine en détail les grandes tendances et évolution d’Internet à l’horizon 2030 aussi bien du point de vue technologique, qu’économique ou social (impact sur la société, le travail…).
A côté de l’inquiétant constat qui en résulte, les auteurs veulent cependant croire qu’un sursaut est possible, à condition que les Etats s’impliquent. L’étude émet ainsi six grandes recommandations :
- Soutenir la réindustrialisation de l’Europe dans le numérique, en identifiant les plateformes émergentes liées à l’internet des objets et à la robotique, et en accompagnant leur développement industriel à l’échelle européenne.
- Traduire sur internet les principes généraux du droit
- Établir des principes généraux de partage de la valeur dans les transactions numériques
- Anticiper les mutations industrielles et les nouvelles organisations du travail en termes de normes, de droits, de fiscalité, de localisation et adapter le droit en conséquence.
- Mettre en œuvre de façon volontariste le numérique dans la santé et l’éducation.
- Construire une politique française d’e-inclusion et de cohésion sociale numérique