Industriels : prenez vos responsabilités !

Les effets de la crise et le contexte électoral ont remis l’industrie, et plus particulièrement le besoin de réindustrialisation de la France, au centre du débat politique ; en tant qu’industriels, nous ne pouvons que nous en féliciter ! L’ampleur du problème, maintenant largement reconnu, et l’urgence de la situation réclament une réaction forte et rapide. Mais ne nous trompons pas : l’essentiel de la solution n’est pas dans les mains de l’Etat, mais bien dans celles des industriels et de leurs actionnaires. Prenons quelques exemples.

Montée en gamme
C’est probablement la clé de la réponse, et elle ne nécessite aucune loi ni nouvelle réglementation : elle ne dépend que des entrepreneurs ! On peut (et doit !) chercher à alléger les charges et à modérer les salaires, mais sachant que nous avons une monnaie forte, et que nous ne sommes collectivement pas prêts à renoncer à notre niveau de protection sociale, réduire les coûts ne suffira pas. La seule manière de reconstituer les marges trop faibles des entreprises françaises est de relever les prix. Et pour cela, il nous faut innover, améliorer la qualité des produits et leur technicité, ou encore le service apporté aux clients. C’est sur cette base que s’est bâti le succès allemand : des produits clairement « différenciés », permettant, par leurs prix, de justifier un coût du travail relativement élevé. La force de cette approche de montée en gamme est qu’elle n’est absolument pas réservée aux industries à fort contenu technologique : presque toutes les filières (métallurgie, chimie, textile, ..) peuvent le faire : une adaptation fine aux besoins du client, du savoir-faire, de la proximité, … tout cela peut contribuer à différencier notre offre et à la valoriser.

Meilleure intégration des filières
La meilleure intégration des filières et la création de partenariats forts entre grands groupes et PME est avant tout une question de culture industrielle : l’Etat peut l’encourager mais seuls les industriels peuvent la faire. Il est temps que la solidarité joue dans ce domaine. Et l’Allemagne a montré que ce n’est pas forcément au détriment de la compétitivité ni de l’innovation.

Apprentissage
Il reste si faible chez nous alors qu’il est un moyen fort d’intégration des jeunes dans le monde du travail dans d’autres pays: qui nous empêche de le faire ?

Refonte du dialogue social
Enfin, nous sommes convaincus qu’il ne peut y avoir une remise en compétitivité de l’industrie française sans une profonde refonte du dialogue social et la création d’une vraie culture du compromis au niveau de l’entreprise. Certes, si nous l’appelons de nos vœux, nous n’en détenons pas toutes les clés. Mais sommes-nous sûrs d’être vraiment initiateurs et promoteurs dans ce domaine ? D’avoir, au niveau local, un dialogue courageux, constructif, proposant de réelles solutions gagnantes-gagnantes dans la durée ?  Sommes-nous toujours soutenus par nos actionnaires sur ce point ?

Bien entendu, tout ce qui pourra rendre l’environnement business friendly est le bienvenu et contribuera à notre réussite collective: réforme de la fiscalité et en particulier allégement du coût du travail, réduction des dépenses de l’Etat, politiques favorisant la production plutôt que la consommation, investissement continu dans la recherche, l’innovation, la formation et l’enseignement supérieur, simplification des procédures administratives, etc …  Tout cela est nécessaire et doit être rapidement déployé, tant la situation est critique.

Mais ne nous leurrons pas : l’essentiel de l’effort est entre nos mains d’industriels. Alors il est vraiment urgent de prendre nos responsabilités et d’agir !