Et maintenant voicile « directeur numérique »

L’enjeu de la prochaine décennie est ce qu’il est convenu d’appeler la « transformation numérique ». Les entreprises, toutes les entreprises quel que soit leur secteur d’activité, doivent impérativement exploiter les ressources du numérique, depuis les réseaux sociaux jusqu’au Big data, pour se réinventer. L’enjeu : éviter de se voir couper l’herbe sous le pied par de nouveaux venus, des « natifs du numérique », prompts à bouleverser les marchés en inventant de nouveaux services et de nouveaux modèles d’affaires, rendant caducs les acteurs établis.

Qui peut mener à bien une telle tâche ? Le DSI (directeur des systèmes d’information) ? Le responsable marketing ? Ils sont évidemment en première ligne. Mais, désormais, un nouvel acteur apparaît : le « directeur numérique », version française du Chief Digital Officer. Son rôle est de définir la stratégie numérique de l’entreprise et de coordonner sa transformation.

Plusieurs grandes entreprises ont déjà fait ce choix. Dernière en date, la SNCF a confié à Yves Tyrode, le 1er octobre dernier, la fonction de « directeur digital et communication » pour mener à bien son grand plan de transformation. Il s’agit, selon le président du groupe Guillaume Pepy, d’ajouter « une couche de services supplémentaire pour les voyageurs mais aussi de revoir les modes de production de l’entreprise, la façon de repenser la maintenance des trains, de surveiller le réseau ferré et de gérer la sécurité. » Les détails seront présentés au début de l’année prochaine.

Yves Tyrode répond bien aux critères qu’on peut attendre d’un directeur numérique : il connaît les métiers de son entreprise sans rien ignorer du numérique. Il était en effet directeur général de Voyages-sncf.com depuis 2011, après un long parcours professionnel chez Orange dont il a notamment dirigé le Technocentre.

On notera que la SNCF a d’abord exploré les potentialités du numérique via une startup, extérieure au groupe, en créant voyages-sncf.com en 2000. Il fallait que les spécialistes du numérique aient les mains libres. Aujourd’hui, le contexte a mûri et la SNCF rapatrie dans le groupe, en la personne d’Yves Tyrode, un solide savoir-faire.

La création d’un poste de directeur numérique est-elle une panacée pour conduire la transformation numérique des entreprises ? Le Cigref pense en tout cas que cela n’est pas suffisant. Il écrit qu’aucun acteur, c’est-à-dire ni le DSI, ni le directeur numérique, ni le directeur marketing, n’est légitime à lui seul, « du fait de la transversalité des impacts du numérique. Les différentes fonctions de l’entreprise doivent coopérer pleinement pour assurer la réussite des objectifs numériques. » Le Cigref prône ainsi la mise en place d’une « gouvernance numérique », entendue comme « l’art de décider ensemble. »