Compétitivité, productivité, innovation : évitons la confusion
L’ITIF américain publie une note dans laquelle il précise ce que recouvrent ces trois termes, en particulier celui de compétitivité.
Comme beaucoup, Robert D. Atkinson, président du think tank américain Information Technology & Innovation Foundation (ITIF) a constaté que les trois termes compétitivité, productivité et innovation sont manipulés avec une certaine confusion dans le débat public. Aussi importants les uns que les autres, et étroitement corrélés, ils peuvent faire l’objet d’amalgames dans certains raisonnements rapides, voire être utilisés de façon interchangeable.
Pour y mettre bon ordre, et surtout par ce qu’il est convaincu que les politiques à mettre en œuvre au service de chacune doivent être distinctes et spécifiques, il vient de publier un petit mémo de sept pages : Competitiveness, Innovation and Productivity: Clearing up the Confusion.
La partie la plus intéressante, autrement dit le sujet sur lequel règne la plus grande confusion, concerne la compétitivité. Après avoir soigneusement précisé en quoi les approches traditionnelles pour l’estimer (par le déficit commercial, l’emploi…) sont sujettes à caution, le patron de l’ITIF en donne sa définition : « la compétitivité d’une région est sa capacité à exporter davantage, en termes de valeur ajoutée, que ce qu’elle importe. » Cette définition permet de s’affranchir de plusieurs biais qui faussent l’appréciation usuelle de la compétitivité à partir du déficit commercial, notamment du fait de possibles politiques mercantilistes : cours artificiellement bas d’une devise, taxes artificiellement basses, etc.
Muni de cette définition, Atkinson juge que l’Autriche, l’Allemagne et la Suède peuvent figurer dans la liste des économies compétitives : elles affichent un excédent commercial alors qu’elles offrent des hauts niveaux de salaires et peu de subventions. En revanche, ni la Chine ni les Etats-Unis ne peuvent être considérées comme compétitifs. La première dispose d’un excédent commercial considérable mais d’un niveau phénoménal de subventions de toutes sortes. Quant aux seconds, même en tenant compte de l’impact des subventions chinoises, leur déficit commercial abyssal les empêche de prétendre au titre d’économie compétitive.