La Fabrique de l’industrie et France Stratégie décryptent l’énigme de l’investissement des entreprises françaises
Paris, le 26 octobre 2018 – Les entreprises françaises investissent plus, et depuis longtemps, que leurs homologues européennes. Pourtant, ces efforts d’investissement n’apportent pas les gains attendus en matière de productivité et de compétitivité. La Fabrique de l’industrie et France Stratégie analysent cet apparent paradoxe et examinent dans une étude conjointe la nature des investissements des entreprises françaises depuis 1995.
Les entreprises françaises investissent beaucoup dans les logiciels, les bases de données et la R&D
Cette étude révèle que le taux d’investissement des industriels français en logiciels est nettement plus élevé que celui relevé dans les autres pays européens depuis 1995 au moins (5,7 % de la valeur ajoutée en 2016 en France contre 1,1 % en Allemagne). De même, le taux d’investissement en R&D du secteur manufacturier français est de 10,7 % de la valeur ajoutée contre 8,4 % en Allemagne en 2016 et il est plus élevé qu’en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
Comment expliquer un tel niveau d’investissement ? Il se pourrait que les multinationales françaises choisissent plus que les autres de concevoir dans leur pays d’origine et de fabriquer à l’étranger. Il est également possible que des différences de mesure concernant ces investissements subsistent entre pays, malgré des efforts importants d’homogénéisation des statistiques nationales.
Un moindre investissement dans les machines et équipements
Les industriels français investissent un peu moins dans les machines et équipements que leurs homologues, et privilégient le renouvellement plutôt que la modernisation ou l’extension de leurs capacités de production. Ce défaut d’investissement dans les actifs tangibles pourrait expliquer en partie la perte de compétitivité de nos entreprises.
Les investissements dits « non productifs » pèsent assez peu sur les dépenses d’investissement des industriels
Les actifs immobiliers ne représentent qu’une faible part des dépenses d’investissement des industriels français, comparable à celle observée en Italie. Ce n’est donc pas le coût de l’immobilier qui grève l’investissement privé français. Par ailleurs, les investissements de mise en conformité réglementaire, fréquemment cités, n’expliqueraient au mieux qu’une part limitée du supplément d’investissement du secteur manufacturier en France.