Dire, représenter, mesurer le travail

Du 13 au 20 septembre a eu lieu, au sein du centre culturel international de Cerisy, un colloque intitulé : « Le travail en mouvement : organisations, frontières, reconnaissances ». Co-organisé par la nouvelle chaire « Futurs de l’industrie et du travail : formation, innovation, territoires » (FIT2) de Mines ParisTech, dont la Fabrique de l’industrie est membre fondateur, il a rassemblé chercheurs, praticiens et citoyens intéressés.

Le pouvoir des mots

Langages et travail – Maryse Salles

Cette contribution s’intéresse aux langages dans les organisations. L’objectif est d’identifier quelques enjeux importants liés à ces langages, dans une perspective d’émancipation du travail et de démocratie dans les organisations. Le langage des travailleurs, puis de celui des directions, enfin le langage de l’organisation que constitue le système d’information de l’organisation ont été traités.
Quelques réalisations ont été présentées, issues d’une part d’un groupe de travail mixte chercheurs/syndicalistes CGT, d’autre part d’un séminaire de recherche pluridisciplinaire à l’université de Toulouse.

 

Représentations du travail dans la littérature contemporaine – Laurence Decréau

Le bonheur au travail dans le roman contemporain.

 

Une « carte mentale » du travail en mouvement – Louise Gaxie, Michel Obadia avec Gabriel Boudart

Les cartes mentales (cartes heuristiques ou encore arbre à idées) permettent de cartographier le territoire conceptuel d’une idée ou d’une thématique par rapport à un champ de connaissance et/ou une problématique. En effet, cet outil vise à faire émerger des connaissances puis à les organiser, les structurer, les hiérarchiser, à faire des liens entre elles et à les présenter de manière visuelle dans une arborescence. Il rend ainsi possible une présentation d’ensemble d’un sujet appréhendé dans sa complexité afin d’en faciliter la compréhension et l’analyse. Notons que, par analogie, les cartes mentales sont appréhendées comme l’expression graphique du fonctionnement de notre cerveau. L’arborescence « présente dans son architecture des similitudes avec le cheminement de la pensée, fondé lui-même sur un réseau de liens, conducteur d’informations » (DELADRIÈRE, J.-L., LE BIHAN, F., MONGIN, P., REBAUD., D., Organisez vos idées avec le Mind Mapping, Paris, Dunod, 3e éd., 2014, p. p. 24.).

 

Le pouvoir des images

Représentations cinématographiques du travail – Jean-Michel Saussois

La figure du travail au cinéma a été discutée en soulignant le sens et l’évolution du mot travail. Particulièrement, l’œuvre du cinéaste  Harun Farucki a servi d’appui à la discussion, un cinéaste qui s’est affirmé par sa capacité à « déblayer les décombres qui obstruent les images ». Trois films ont été visionnés L’expression des mains (1977), Comparaison (2009, différentes méthodes pour fabriquer des briques), enfin Rien sans risque (2004).

 

Le pouvoir des chiffres

Quelques enquêtes quantitatives sur les conditions de travail, le ressenti et les trajectoires des salariés – Serge Volkoff

Après avoir rappelé les principales transformations des conditions de travail au cours des vingt dernières années — dans la perspective du « productivisme réactif » —, cette contribution a examiné les résultats de trois analyses des correspondances menées récemment à partir de sources différentes et concernant respectivement: le positionnement des salariés européens des différentes tranches d’âge dans le « paysage » des conditions de travail (enquête de la Fondation de Dublin); une typologie des changements de conditions de travail à diverses époques et diverses périodes des itinéraires professionnels (enquête française S.I.P.); une exploration des marges de liberté et du rapport au travail selon l’âge/la génération, avec les enjeux de santé que cela recouvre (enquête « Parlons Travail » initiée par la CFDT).

 

Conditions du travail et performance des entreprises : à la recherche de causalités – Michèle Sebag

La science des données (aussi appelée nouvelle intelligence artificielle) construit des modèles à partir des données disponibles. Dans le domaine des politiques publiques, de l’économie et bien d’autres, les modèles sont importants pour prédire les évolutions ou pour émettre des recommandations.
Une distinction importante sépare les modèles à base de corrélations, et les modèles causaux. Les premiers permettent souvent de faire des prédictions efficaces (si je vois des parapluies, il pleut), mais pas d’émettre des recommandations bien fondées (je ne peux pas faire pleuvoir en sortant mon parapluie). Pour émettre des recommandations, nous avons besoin de modèles « causaux ».
Nous avons étudié les données de la Secafi, dans le but d’examiner l’existence de relations causales entre les variables liées à la rentabilité des entreprises et les variables liées à la qualité de la vie au travail (QVT), et dans quel sens opère la causalité. Les entreprises sociales deviennent-elles profitables (la recommandation prioritaire serait alors de s’occuper de la QVT)? Ou bien, les entreprises profitables deviennent-elles attentives à la QVT (et la priorité serait alors de devenir profitable)? Ou encore, le sens de la relation causale dépend-elle du secteur d’activité des entreprises?

 

La Fabrique

La Fabrique de l’industrie est une plateforme de réflexion, créé en 2011, consacrée aux perspectives de l’industrie en France et à l’international. Nous travaillons sur les...

Lire la bio de l'auteur
Devenez contributeurs !

Vous souhaitez partager votre point de vue sur une problématique industrielle ? Contactez-nous en nous proposant un sujet et un texte court.

Devenir contributeur
Partager
Imprimer
Pour réagir