L’industrie du futur et le numérique
La Fabrique fait le point sur la progression de la France dans l’adoption des technologies numériques.
Le niveau de compétence des travailleurs est l’une des principales variables à l’adoption adoption des nouvelles technologies liées à l’industrie du futur. En effet, lorsque les salariés maîtrisent ces technologies, ils sont capables de les exploiter au sein des entreprises et ils sont plus susceptibles d’encourager leur adoption.
On constate un quasi-doublement de la part des spécialistes des technologies du numérique en France entre 2007 et 2016, de 2,1% de l’emploi total à 3,8%. Cette tendance est partagée en moyenne par l’Union Européenne, avec néanmoins des taux de progression qui varient selon les pays.
En revanche, si la France est capable de produire davantage de spécialistes des TIC, ses entreprises organisent moins de formations que la moyenne européenne pour développer les compétences des salariés.
Une première brique technologique numérique est le big data. Cette technologie est au cœur de l’industrie du futur. En effet, la présence de capteurs sur les machines et les produits permet de collecter d’importantes sommes de données. Avec les bons outils de traitement d’analyse, ces données permettent d’optimiser la chaîne de production en identifiant de manière très fine les problèmes qui surviennent et également d’accroître la connaissance sur les habitudes et les préférences des consommateurs.
On remarque des écarts sur l’origine des données entre les entreprises industrielles et celles de l’ensemble de l’économie. Les sociétés industrielles s’appuient moins sur les données issues de la géolocalisation et des médias sociaux, et marginalement davantage sur celles issues des données des objets connectés.
Enfin, on constate qu’assez peu d’entreprises ont eu recours aux analyses de big data en 2015. Il existe plusieurs freins, mais le principal est la méconnaissance du sujet par les entreprises. Viennent ensuite le manque de compétences, puis des interrogations sur l’opportunité de recourir à ces services (coûts élevés et de la qualité insuffisante des résultats).
Une deuxième brique numérique mesurable est l’utilisation du cloud computing dans les entreprises. On constate d’abord que son utilisation est supérieure au big data (17% des entreprises sont concernées en 2016), ce qui s’explique en partie parce que cette technologie est plus mature, donc plus connue et plus utilisée.
En outre, la taille des entreprises est déterminante. Ce sont les ETI et grandes entreprises qui y ont le plus recours. En effet, Le cloud est porté par la plus grande interconnexion des sites de production et des départements au sein des entreprises, parce qu’elle requiert un partage de grandes quantités de données. Des entreprises de plus grande taille ont donc mécaniquement davantage besoin de services de cloud computing.
Troisième constat, l’utilisation du cloud ne semble pas s’expliquer par le secteur d’appartenance des entreprises. Ainsi, les chiffres pour l’industrie sont similaires à ceux de l’ensemble de l’économie.
L’industrie du futur: de quoi parle-t-on?
L’industrie du futur est un terme de plus en plus employé dans les milieux économiques, mais sa définition reste vague. La Fabrique de l’industrie la définit comme « une révolution technologique, qui offre de nouvelles possibilités dans la manière de produire, et qui permet de répondre aux nouveaux défis auxquels fait face l’industrie française » (cf. notre Synthèse 3 « Industrie du futur: concept et état des lieux », février 2016).
L’Industrie du futur est une mosaïque technologique. L’intérêt des démarches mises en place en France est justement de les articuler. Dans une étude publiée en 2015, le Boston Consulting Group caractérise ainsi l’industrie du futur: le big data, la robotisation, la simulation 3D, la réalité augmentée, l’internet des objets, les systèmes d’intégration inter- et intra-entreprises, la cybersécurité, le cloud, la fabrication additive.
Ce concept est d’abord apparu en Allemagne en 2011, sous le terme d’industrie 4.0. Les parties prenantes (industrie, Etat, syndicats, et secteur de la recherche) partagent alors le constat que l’Allemagne pourrait perdre son leadership industriel en raison de la montée en puissance de concurrents directs (la Chine et la Corée du Sud), et de l’irruption des géants de l’internet dans le jeu industriel. Le terme « 4.0 » fait référence à la quatrième révolution industrielle promise par les systèmes cyber-physiques, c’est-à-dire les systèmes de production dont chaque élément matériel a un modèle (« jumeau ») informatique.
En France, on emploie plutôt le terme « industrie du futur ». Ainsi en 2013, le ministère du Redressement productif lance le projet de la « Nouvelle France Industrielle », un ensemble de plans visant à dynamiser l’industrie. Cette initiative est restructurée en 2015, sur la base d’un pilier « l’industrie du futur », et de 9 solutions (la ville durable, la médecine du futur, etc.)
L’industrie du futur offre de nouvelles possibilités dans la manière de produire. En effet, la demande de différenciation des produits se fait de plus en plus forte, tout en conservant des coûts unitaires de production comparables à la production de masse. Les nouvelles technologies de production permettraient donc de passer à une ère de personnalisation de masse (mass custom).
L’industrie du futur porte l’espoir du maintien de la compétitivité de la France. En effet, en substituant le travail par du capital, les choix de localisation sont moins conditionnés à des questions de coût du travail, tandis que ces technologies requièrent des salariés qualifiés comme les pays développés savent les former. En outre, les contraintes de réactivité et de personnalisation des produits nécessitent d’implanter les sites de production au plus près de la demande.