132 robots pour 10 000 salariés
C’est la densité en robots industriels en France en 2016.
Les robots sont au cœur de l’industrie du futur. Si les robots ne sont pas une technologie récente, la robotique avancée permet désormais de créer des robots travaillant de façon plus autonome, flexible, et en plus grande coopération avec les opérateurs. La Fédération Internationale de Robotique définit les robots comme « un manipulateur automatiquement contrôlé, programmable et reprogrammable sur trois axes ou plus, multifonction, qui peut être soit fixe, soit mobile, et utilisé pour des applications d’automatisation industrielle ».
Avec la robotisation croissante de l’industrie, on assiste au retour du débat sur l’impact des robots sur l’emploi. En effet, il est avancé que le facteur capital se substituerait au facteur travail. Mais de nombreux travaux ont démontré une relation positive forte entre le taux de robotisation et la croissance de la valeur ajoutée, qui entraîne elle-même une création d’emplois. Par ailleurs, ces robots nécessitent de la maintenance, qui est réalisée par des humains. On se référera utilement aux travaux de La Fabrique de l’industrie ici et là.
On constate que la France a pris un certain retard dans son degré de robotisation. Ceci est vrai à la fois vis à vis de ses partenaires européens, mais aussi des Etats-Unis et des pays développés d’Asie. Pourtant, les acquisitions de robots sont dynamiques en France, en hausse de 60% entre 2010 et 2017.
Le taux de robotisation d’un pays s’explique en partie par des facteurs sectoriels. Les robots sont davantage présents dans l’industrie automobile et l’industrie électronique. Ces secteurs sont naturellement plus susceptibles de recourir aux robots en raison de plusieurs décennies d’automatisation (développement du toyotisme dès les années 1970 pour le secteur automobile), et de leur intensité plus importante en technologies.
Mais une approche par secteurs est insuffisante pour expliquer la densité en robots. On observe que cette mesure peut varier au sein d’un même secteur, en fonction des pays. Par exemple, les stocks de robots par travailleurs dans le secteur automobile sont plus importants en France qu’au Royaume-Uni. Parmi ces autres variables, on peut relever le coût et la disponibilité du travail, qui peut inciter ou non à substituer les hommes par les robots.
L’industrie du futur: de quoi parle-t-on?
L’industrie du futur est un terme de plus en plus employé dans les milieux économiques, mais sa définition reste vague. La Fabrique de l’industrie la définit comme « une révolution technologique, qui offre de nouvelles possibilités dans la manière de produire, et qui permet de répondre aux nouveaux défis auxquels fait face l’industrie française » (cf. notre Synthèse 3 « Industrie du futur: concept et état des lieux », février 2016).
L’Industrie du futur est une mosaïque technologique. L’intérêt des démarches mises en place en France est justement de les articuler. Dans une étude publiée en 2015, le Boston Consulting Group caractérise ainsi l’industrie du futur: le big data, la robotisation, la simulation 3D, la réalité augmentée, l’internet des objets, les systèmes d’intégration inter- et intra-entreprises, la cybersécurité, le cloud, la fabrication additive.
Ce concept est d’abord apparu en Allemagne en 2011, sous le terme d’industrie 4.0. Les parties prenantes (industrie, Etat, syndicats, et secteur de la recherche) partagent alors le constat que l’Allemagne pourrait perdre son leadership industriel en raison de la montée en puissance de concurrents directs (la Chine et la Corée du Sud), et de l’irruption des géants de l’internet dans le jeu industriel. Le terme « 4.0 » fait référence à la quatrième révolution industrielle promise par les systèmes cyber-physiques, c’est-à-dire les systèmes de production dont chaque élément matériel a un modèle (« jumeau ») informatique.
En France, on emploie plutôt le terme « industrie du futur ». Ainsi en 2013, le ministère du Redressement productif lance le projet de la « Nouvelle France Industrielle », un ensemble de plans visant à dynamiser l’industrie. Cette initiative est restructurée en 2015, sur la base d’un pilier « l’industrie du futur », et de 9 solutions (la ville durable, la médecine du futur, etc.)
L’industrie du futur offre de nouvelles possibilités dans la manière de produire. En effet, la demande de différenciation des produits se fait de plus en plus forte, tout en conservant des coûts unitaires de production comparables à la production de masse. Les nouvelles technologies de production permettraient donc de passer à une ère de personnalisation de masse (mass custom).
L’industrie du futur porte l’espoir du maintien de la compétitivité de la France. En effet, en substituant le travail par du capital, les choix de localisation sont moins conditionnés à des questions de coût du travail, tandis que ces technologies requièrent des salariés qualifiés comme les pays développés savent les former. En outre, les contraintes de réactivité et de personnalisation des produits nécessitent d’implanter les sites de production au plus près de la demande.