Gaz de schiste, coût du travail, innovation : les leçons du rebond industriel américain
A l’occasion de la parution de l’ouvrage L’industrie américaine : simple rebond ou renaissance ?, La Fabrique de l’industrie a organisé le 15 juin 2015 une conférence-débat
A l’occasion de la parution de l’ouvrage L’industrie américaine : simple rebond ou renaissance ?, La Fabrique de l’industrie a organisé le 15 juin 2015 une conférence-débat, en partenariat avec l’AmCham France. Cet événement, qui a rassemblé environ 150 personnes, a permis à des représentants du monde industriel et à d’experts de premier plan de réagir à l’analyse de La Fabrique.
Animée par Jean-Marc Vittori (Les Échos), la table-ronde a réuni :
- Clara Gaymard, présidente de General Electric France, présidente de l’AmCham France,
- Louis Gallois, président du conseil de surveillance de PSA Peugeot-Citroën, co-président de La Fabrique de l’industrie,
- Eric Labaye, président du McKinsey Global Institute,
- Pierre-Noël Giraud, professeur à Mines ParisTech,
- Thibaut Bidet-Mayer, chargé d’études à La Fabrique de l’industrie.
Résumé des débats |
La reprise de l’industrie américaine, très vigoureuse (+25 % de la production industrielle depuis la fin de la crise), éveille la curiosité des observateurs et suscite le débat. De nombreuses publications tentent d’expliquer ce qu’ils voient déjà comme une « renaissance », en surestimant souvent l’impact réel des facteurs les plus médiatisés.
Les effets économiques des gaz de schiste ont notamment été débattus. Si les effets positifs de la baisse du prix du gaz sur la demande ont été soulignés, les intervenants se sont accordés sur le fait qu’elle a essentiellement amélioré la compétitivité des secteurs gazo-intensifs, qui ne sont pas les plus nombreux.
En outre, la forte modération salariale qu’ont connue les salariés américains n’a pas permis d’améliorer la compétitivité au point de ralentir la dépendance croissante aux importations, ni d’amorcer une vague de relocalisations significative, contrairement à ce qui est régulièrement annoncé. Le délitement de l’écosystème productif, profondément marqué par deux décennies de délocalisations massives, a été mentionné à plusieurs reprises dans le débat, concernant notamment les réseaux de sous-traitants industriels, pour illustrer un des challenges que les États-Unis doivent surmonter avant d’espérer une véritable renaissance industrielle. Plus qu’à du reshoring, nous assistons à un mouvement de near-shoring en particulier vers le Mexique, où les industries automobile ou électroniques se développent à grands pas.
A ce jour, cette reprise s’explique finalement par un fort effet de rattrapage, suite à la profonde récession traversée par les États-Unis. Ce phénomène a été particulièrement important dans l’industrie automobile, aidée par une intervention politique décisive et par une politique monétaire très accommodante, qui a soutenu la consommation en facilitant le crédit. Certains s’inquiètent d’ailleurs déjà de l’existence d’une bulle dans l’automobile, sur le modèle des subprimes.
De l’avis de tous, le leadership mondial des États-Unis dans la compétition industrielle des prochaines années tient surtout à la domination des géants américains du numérique. Les GAFA et autres opérateurs des TIC pourront parfois prendre l’avantage sur les constructeurs industriels, alors réduits au rang de fournisseurs de commodités. C’est là sans doute que réside leur meilleur atout.
Vidéo intégrale |
Retrouvez l’ensemble des vidéos de cette conférence sur la chaîne Youtube de La Fabrique en cliquant ici.