« Le » robot français pour PME est né

C’est une grande première : l’arrivé d’une start-up française dans la robotique industrielle. Simple et de faible coût, son robot peut s’implanter dans les PMI, favorisant ainsi la généralisation de la robotique.

Il s’appelle Izac. Il a été mis au point par une start-up de Besançon, MC Robotics, et vient de faire sa première apparition au salon Micronora à Besançon. Disons le tout de suite : Izac n’est vraiment pas performant. Pour faire une comparaison avec l’automobile, face aux actuels robots industriels – de vraies Ferrari ! – c’est plutôt une Logan. Mais c’est justement sa force, c’est en cela qu’il constitue une véritable innovation. Si la robotique doit effectivement « exploser » en production, comme cela est attendu, ce sera sans doute grâce à des robots élémentaires de ce type.

Quel est le problème ? Les traditionnels robots industriels sont des merveilles de technologies. Mais ils sont beaucoup trop complexes à mettre en œuvre par les PMI et, surtout, beaucoup trop chers.

Mathieu Charles, automaticien de formation et fondateur de la start-up, l’a constaté quand, employé dans une entreprise d’automatismes, il ne parvenait pas à placer le moindre robot dans les PMI. Il a donc décidé de partir d’une feuille blanche et de concevoir un robot adapté à leurs besoins. Izac.

Izac a des performances limitées, tant en précision qu’en accélération ou en capacité de mouvoir des charges lourdes (5 kg maximum). En revanche, il est polyvalent, extrêmement simple à programmer et à installer et, mieux que tout, d’un prix dérisoire : 22 000 euros ! De quoi trouver sa place partout. Il y a en effet une multitude d’applications qui se satisferont pleinement de ses performances.

Autre atout majeur de ce robot : léger et aux déplacements peu rapides, il n’est pas dangereux. Il peut donc travailler à proximité des ouvriers. Du moins dès que la loi le permettra en France (elle impose aujourd’hui aux robots d’être enfermés dans des cages).

Izac n’est pas le premier de ce type. Une start-up danoise, Universal Robots, propose depuis 2009 un robot équivalent qui connaît un formidable succès. Il est non seulement adopté par de toutes petites PMI mais séduit aussi des grandes entreprises : Volkswagen, Renault et, dernière en date à s’en équiper, l’usine américaine de BMW en Caroline du Sud ! Il y effectue des tâches simples mais pénibles pour les ouvriers, en l’occurrence la pose d’un joint d’étanchéité sur les portes des voitures. Et il effectue son travail à proximité immédiate des ouvriers de la chaîne, sans protection aucune.

Face à Universal Robots, Mathieu Charles fait valoir les atouts de son nouveau-né. Il est nettement moins cher et utilise un mode de programmation beaucoup plus simple, Open Robot, basé sur le Grafcet, langage bien connu des automaticiens. En outre, bien au fait des besoins des entreprises, le fondateur de MC Robotics a ajouté une corde à son arc : tous les programmes développés avec Izac peuvent tourner sur la plupart des robots du marché, facilitant ainsi l’exploitation d’un parc multi-robots.

Conçu à Besançon, Izac sera également fabriqué en France. MC Robotics a fait entrer à son capital un industriel spécialisé dans la tôlerie, Plimetal, qui réalise la partie mécanique du robot et son assemblage. « Son usine possède la capacité de fabriquer le produit en grandes séries, nous nous occupons pour notre part de la partie électronique et du logiciel » indique Mathieu Charles.

Le succès sera-t-il au rendez-vous ? Dans ce cas, MC Robotics constituerait avec Universal Robots un nouvel et bel exemple de la « disruptive innovation » chère à Clayton Christensen : une innovation qui, en en donnant moins, conquiert un immense marché laissé en friches par les offreurs de solution trop performantes. Comme jadis le micro-ordinateur ou, plus récemment, la Logan.

Avec MC Robotics, en tout cas, un producteur de robot totalement français est né. Les autres robots industriels entièrement conçus et fabriqués en France sont ceux de Staübli, dans son usine de Faverges (74), mais Staübli est un groupe suisse.

Franck Barnu

Après des études de physique, Franck Barnu s’est dirigée vers la presse industrielle et technologique. Comme journaliste, il a en particulier suivi le domaine des technologies...

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