Les entreprises de taille intermédiaire, acteurs de la réindustrialisation
Compte-rendu du quatrième Entretien de La Fabrique « Les entreprises de taille intermédiaire, acteurs de la réindustrialisation ».
D’après une étude réalisée par le FSI (Fonds stratégique d’investissement), la France compte seulement un millier d’ETI (entreprises de taille intermédiaire) industrielles ou proposant des services à l’industrie, indépendantes de grands Groupes ou de Groupes étrangers. Or, si l’on en croit l’exemple allemand, ce sont ces entreprises qui sont particulièrement porteuses de création d’emplois, d’innovation, d’exportations et, de façon générale, de compétitivité pour l’économie nationale et en particulier pour son industrie.
Yvon Gattaz rappelle que les moyennes entreprises françaises ont longtemps été “escamotées” du paysage économique français en raison de leur confusion avec les petites entreprises dans le sigle PMI-PME, qui s’est imposée depuis la guerre et jusqu’à l’institutionnalisation des ETI en 2008. Peut-être s’y ajoute-t-il le fait qu’en France, la réussite est toujours un peu suspecte et que l’on tend à “préférer” les petites entreprises aux entreprises de croissance ?
Une autre explication tient au fait que 80 % des ETI sont des entreprises patrimoniales et que, selon Jean-Yves Gilet, elles hésitent à ouvrir leur capital, à la fois parce qu’elles redoutent de perdre leur indépendance et parce qu’elles sont réticentes à changer de mode de gouvernance. Le FSI s’est donné pour mission d’essayer de susciter un “appétit de croissance” parmi les ETI présentant le plus fort potentiel de développement dans les différentes filières, et de leur offrir les moyens financiers de cette croissance à travers des investissements dont la durée est calée sur les cycles de l’industrie considérée.
Élizabeth Ducottet regrette l’image un peu dégradée et obsolète dont pâtissent les ETI, alors qu’il s’agit bien souvent de “champions cachés” mettant en oeuvre des technologies sophistiquées et des modes de gouvernance très agiles et efficaces. Le principal atout de leurs concurrentes allemandes est, selon elle, l’environnement fiscal dont bénéficient ces dernières, notamment au moment de la transmission. Avec les lois Dutreil, la France a corrigé le déséquilibre et il ne faudrait surtout pas remettre ces lois en cause si l’on veut assurer la pérennité et le développement des ETI françaises.
Pierre Deschamps insiste sur le fait qu’il faut non seulement renforcer les ETI existantes, mais aider les PME à se développer pour accéder à ce statut, en surmontant trois grands freins : les différents seuils fiscaux et sociaux que la PME doit franchir avant d’atteindre les 250 salariés, et qui gagneraient à être transformés en “pentes”, c’est-à-dire à bénéficier d’un délai de plusieurs années pour leur mise en oeuvre ; le frein managérial et psychologique qui fait hésiter le patron d’une PME à recruter des cadres de haut niveau et à ouvrir son capital ; et enfin le manque de financements, auquel le FSI ne pourra pas répondre seul.
Sans doute la future Banque publique d’investissement pourra-t-elle contribuer à couvrir également ce besoin, mais elle devra sans doute également prendre un compte un autre besoin crucial de financement des PME et ETI, le besoin en fonds de roulement. Les nouvelles règles prudentielles rendent en effet les banques encore plus réticentes à couvrir ce besoin qu’à financer les investissements industriels. Or, le taux de marge très dégradé des entreprises françaises limite fortement leur capacité d’autofinancement.