Couverture : Les nouveaux modes de management et d’organisation. Innovation ou effet de mode ?

Révolutionner l’organisation du travail, oui, mais pas sans méthode

Transformation numérique, crises répétées, nouvelles attentes des salariés, bataille pour attirer les talents, exigences RSE… Face à l’incertitude, tout pousse les entreprises à vouloir gagner en souplesse et en réactivité. Elles sont donc de plus en plus nombreuses à s’intéresser à de nouveaux modes de management et d’organisation (NMMO) : méthodes agiles, holacratie, entreprise libérée ou à mission, etc. Nouveaux ? Pas vraiment ! Ces modèles qui visent à renforcer le pouvoir d’agir d’équipes autonomes puisent dans des courants anciens. S’ils suscitent un intérêt toujours renouvelé, ils sont cependant difficiles à implanter et à pérenniser, même chez les plus convaincus. Pour ne pas céder aux effets de mode, il est nécessaire de les déployer, en veillant à la prise en compte de leurs effets sur les personnes et sur le travail « réel ». C’est l’essence du message de Suzy Canivenc, chercheure à la chaire Futurs de l’industrie et du travail (FIT²) de Mines Paris – PSL, à l’occasion de la réédition augmentée de son ouvrage : Les nouveaux modes de management et d’organisation : innovation ou effet de mode ?

Les NMMO : beaucoup d’espoirs et de revers

Si les NMMO suscitent un engouement récurrent chez les entreprises, c’est parce qu’ils répondent à plusieurs changements de contexte. Depuis les attentes des jeunes qui interrogent la place du travail dans leur vie , jusqu’à l’intensification des transformations numériques à l’œuvre et aux incertitudes pesant sur l’environnement économique ou la transition environnementale, les défis à relever ne manquent pas. Et, pour y répondre, les promesses des NMMO sont puissantes : accroître l’autonomie, stimuler la coopération, développer l’agilité, donner du sens… Certains dirigeants voient dans ces modèles un mirage dangereux, d’autres s’y essayent et parfois renoncent, car la mise en œuvre s’avère semée d’embûches : désorganisation de la production, perte de repères, montée des risques-psycho sociaux, désengagement et démissions, à rebours des effets escomptés.

La réponse n’est ni dans l’adhésion aveugle, ni dans le rejet brutal : tout est dans la méthode

Une réflexion sur la méthode pour anticiper et amoindrir les effets négatifs, c’est précisément ce que propose cette édition augmentée qui combine analyses théoriques, retours d’expérience et guide opérationnel, en plaidant pour une innovation sociale patiente, ancrée dans le réel. Plutôt que de chercher à copier des « modèles » clés en main, il faut prendre le temps de les adapter finement aux caractéristiques de chaque organisation, en faisant participer les acteurs de terrain à leur conception et à leur déploiement. La démarche doit rester expérimentale, autorisant les corrections à partir du retour des acteurs et de l’observation de ce qui se passe sur le terrain. Les directions devront particulièrement veiller à la cohérence entre les principes affichés et les pratiques réellement mises en œuvre, au risque sinon d’être taxées d’hypocrisie organisationnelle et de rompre la confiance avec les salariés. Ce travail rigoureux et documenté montre que les nouveaux modes de management et d’organisation peuvent devenir un atout pour la performance, à l’heure où les entreprises doivent composer avec des marchés volatils, une pression constante sur la productivité et des attentes sociétales renouvelées… à condition de les penser avec recul et méthode.

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Julie Celeste Meunier

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