Qu’attend l’industrie des banques ?
Comment les banques peuvent-elles accompagner le mouvement de réindustrialisation en France ? Pourquoi ont-elles intérêt à renouer avec « la culture du risque industriel » ? Pour répondre à ces deux grandes questions, La Fabrique de l’industrie a donné la parole à des personnalités expertes de l’industrie et du monde économique. Leurs différents éclairages sont réunis au sein du Doc Ce que l’industrie attend des banques qui offre ainsi une vision synthétique d’une trajectoire de réindustrialisation et de ce qu’elle exige et suppose.
Retrouver une « culture du risque »
Pour soutenir les projets industriels, Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, affirme : « Nous devons relever le défi du capital-risque industriel, indispensable pour soutenir l’innovation et la compétitivité. » Toutefois, pour que les banques acceptent d’aller vers des investissements industriels risqués, ceux-ci doivent être partiellement garantis selon le directeur général : « On ne peut pas envisager la réindustrialisation du pays sans que l’État ne couvre une partie significative du risque du secteur bancaire qui, lui même, réapprend peu à peu à financer l’industrie. »
Soutenir la transition écologique de l’industrie
D’autant plus que l’industrie, pour se décarboner, va devoir réaliser des investissements massifs, rappelle Louis Gallois, co-président de La Fabrique de l’industrie. C’est d’ailleurs sans doute là que se situe le véritable défi, assurent Ulrike Steinhorst et Pierre-André de Chalendar au sein de ce Doc. Pour l’ancienne administratrice de Valeo, si « d’ici 2050, Valeo aura réduit ses émissions de GES de 90 % sur les trois scopes », c’est parce que des investissements importants auront été consentis. Pierre-André de Chalendar, président d’honneur de Saint-Gobain, rappelle de son côté que l’émergence d’une industrie forte et décarbonée est aussi conditionnée à l’accès à une électricité abordable : « Il faut également que l’électricité soit abondante. C’est le cas en France mais encore faut-il que l’électricité puisse être acheminée vers les sites de production, ce qui va nécessiter un énorme investissement dans les réseaux. »
Accompagner l’ancrage territorial au local
Autre condition à la réindustrialisation : créer des conditions locales favorables au développement de l’industrie. Comme le note Caroline Granier, cheffe de projet à La Fabrique de l’industrie,« la banque, en tant que partenaire des collectivités, permet aux territoires de bénéficier des financements et des infrastructures nécessaires pour attirer les entreprises, créant ainsi des bassins d’emploi et favorisant la cohésion sociale ». La Banque des territoires est en cela un acteur privilégié, confirme Camille Étévé, responsable du programme Territoires d’industrie à la Banque des territoires. « Nous avons l’habitude de travailler avec les banques locales. En général, les industriels ont besoin à la fois de capitaux et de dette (…) Nous travaillons main dans la main, ce qui permet de répartir les risques », explique-t-elle.. Et de redonner aux banques locales un rôle d’accompagnement de proximité, note la dirigeante de la PME CFT Industrie Elisabeth Klein : « Je travaille en confiance avec mes quatre banques,
que je considère comme de véritables parties prenantes de l’entreprise. »
Aider à surmonter la « vallée de la mort » de la phase d’industrialisation
Selon les observations de la dirigeante du cabinet de conseil KOHLER Consulting & Coaching, Dorothée Kohler, il existe une inégalité d’accès à la technologie pour les entreprises. Cette inégalité se double de la course financière effrénée que représentent les processus d’innovation, mettant en difficulté les PME et les ETI dont « les moyens financiers sont souvent épuisés après la validation des premiers prototypes ». Un frein au leadership industriel français que Dorothée Kholer invite à résoudre pour partie en facilitant l’accès à des « partenaires financiers patients ».
Julie Celeste Meunier
Chargée des relations presse
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