Les énergies renouvelables, moteur de l’emploi pour l’industrie verte
La transformation vers un monde décarboné est l’impératif du siècle. Elle suppose l’adoption de nouvelles technologies et le développement massif des énergies renouvelables. Elle nécessite également, en parallèle, un changement et une adaptation profonde de nos compétences.
Le vent, le soleil, l’eau, toutes ces forces naturelles se positionnent comme les vecteurs énergétiques de demain. Mais l’utilisation de ces ressources dépasse la simple mise en place de panneaux solaires ou de turbines éoliennes ; elle requiert des compétences précises et spécialisées. Pourtant, alors que la France devrait doubler sa production d’énergies renouvelables d’ici à 2035 selon un rapport publié par RTE en juin dernier, le marché du travail peine à suivre le rythme.
D’après le baromètre Brawo, 100 000 offres d’emploi étaient disponibles en ligne dans le secteur des énergies renouvelables au deuxième trimestre 2023. Les cinq métiers les plus recherchés sont les techniciens de maintenance (4 500 offres), les commerciaux ENR (4 000 offres), les ingénieurs spécialisés dans la conception de systèmes à hydrogène ou en stockage d’énergie verte (2 800 offres), les poseurs de panneaux solaires (1 850 offres) et enfin les électriciens (1 600 offres). Tous ces métiers, et bien d’autres, connaissent une demande croissante. Et ce n’est qu’un début. À elle seule, la transition écologique permettrait, selon l’Ademe, la création nette d’un million d’emplois à l’horizon 2050.
Mais, sur un marché du travail marqué par un taux de chômage historiquement bas (à 7 %), et de fortes tensions de recrutement sur certains métiers qualifiés, en particulier dans le secteur industriel, il serait illusoire de croire que nous puissions apporter dans les prochaines années assez de talents aux entreprises pour répondre aux impératifs environnementaux et climatiques. La très forte augmentation des besoins en travailleurs qualifiés qui disposent de compétences vertes, se transforme aujourd’hui en véritable pénurie de talents.
Ce constat amène à repenser aussi bien les professions existantes qui vont devoir évoluer, que les transferts entre emplois carbonés en décroissance et ceux en croissance. La rapidité du changement qui se pose à nous soulève un paradoxe : alors que la technologie avance à pas de géant, notre tissu éducatif est à la traîne, ne parvenant pas à fournir les compétences et les talents dont nous avons besoin pour réussir la transformation durable de notre économie.
Nos institutions éducatives doivent s’adapter à marche forcée à la réalité du terrain. Nous devons intégrer ces nouvelles compétences dans nos études, encourager la recherche et le développement dans ces domaines. La coopération entre les universités, les centres de recherche, les entreprises et les pouvoirs publics est essentielle pour garantir des formations initiales et continues adaptées et pertinentes, et ce, au plus près des territoires et des bassins d’emploi.
Au-delà de l’Éducation, il est également nécessaire de valoriser ces métiers. La transition vers les énergies renouvelables offre des opportunités de carrière passionnantes, innovantes et porteuses de sens. Mais l’industrie garde malheureusement un déficit d’attractivité récurrent qui semble se traduire par une pénurie de compétences : en 2022, 67 % des chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière déclaraient rencontrer des difficultés de recrutement, selon l’Insee. Il est donc primordial d’inciter la nouvelle génération à s’orienter dans ces métiers d’avenir. Il faut susciter l’intérêt des jeunes talents pour les métiers du secteur des énergies renouvelables. Les professionnels de l’industrie ont un rôle clé à jouer à cet égard, en partageant leur expérience et leur expertise.
Enfin, il apparaît nécessaire que les employeurs abordent la question du recrutement sous un nouvel angle. Trop souvent, les entreprises n’ont pas encore pris la mesure de l’inversion du rapport de force avec les candidats. Processus de recrutement trop long, salaires non adaptés au marché local, recherche du profil idéal, absence d’aide à la mobilité… Autant d’éléments qui n’aident pas les entreprises à recruter. Tous secteurs confondus, 61 % des recrutements sont ainsi jugés difficiles, selon l’Enquête Besoins en Main-d’Œuvre 2023.
À l’horizon 2050, le paysage énergétique sera radicalement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. Pour y parvenir, nous devons nous engager activement dans le développement des compétences, la formation de travailleurs qualifiés et la reconversion. C’est en investissant dans notre capital humain que nous serons capables de réaliser l’avenir énergétique durable dont notre planète a urgemment besoin.
Kaelig Sadaune est CEO de Brawo Impact, un service de recrutement 100% spécialisé dans les talents de la transformation durable. Il est également membre du board de la French Tech Pau Béarn en charge de l’emploi et du développement économique.