Industrie du futur : regards franco-allemands
En 2016-2017, la Fondation Jean Jaurès, la Fondation Friedrich-Ebert et La Fabrique ont organisé une mise en commun de la réflexion entre Français et Allemands sur l’industrie du futur. Trois séminaires ont réuni représentants des pouvoirs publics, industriels, syndicalistes et experts. Cette synthèse s’inspire en partie de ces séminaires et s’enrichit de nos travaux antérieurs.
Depuis 2016, La Fabrique de l’industrie a consacré deux Notes et six Synthèses à l’industrie du futur. Ce sujet est devenu un fil conducteur de nos travaux, tant il paraît urgent d’engager l’industrie française dans ce vaste mouvement mondial de transformation. En 2011, l’Allemagne a été la première à conceptualiser la numérisation de l’industrie ; la France s’y intéresse depuis 2013.
Industrie 4.0 en Allemagne, Industrie du futur en France… Derrière ces nuances, se dissimule le fait que les cultures industrielles, la structure des systèmes productifs et la compétitivité de l’industrie sont très différentes d’un pays à l’autre. Dès lors, les attentes à l’égard de la numérisation de l’industrie, les priorités et les méthodes pour y parvenir, ne peuvent qu’être différenciées.
L’ambition de l’Allemagne est de conserver son leadership industriel face à une concurrence mondiale dont les règles du jeu tendent à se modifier. Industrie 4.0 est une reconfiguration de son projet industriel pour répondre à cette menace, dans le cadre d’un modèle qui ne donne pas de signe visible d’essoufflement. L’industrie française, de son côté, reste fragile. Elle connaît encore des difficultés dans plusieurs secteurs, doit moderniser ses équipements productifs et parvenir à monter en gamme. « L’Industrie du futur » représente un appel à la mobilisation et à l’investissement. Ces différences se traduisent, dans chaque pays, par un récit national spécifique qui s’appuie sur les atouts de chacun.
Cependant, les deux pays ont compris qu’ils ont un intérêt à coopérer sur ce sujet, même s’ils ne parlent pas toujours exactement de la même chose. Notamment pour enclencher un effet d’entraînement à l’échelon européen. Des sujets comme les standards ouverts et l’interopérabilité des systèmes, la cybersécurité ou le marché unique du numérique ont vocation à être abordés au niveau européen. Ils partagent également la préoccupation d’impliquer les PMI dans la transformation numérique, d’assurer la montée en compétence des travailleurs et l’adaptation des systèmes de formation.