Allégements de charges, compétitivité et emploi

Les diverses mesures d’allégement du coût du travail (allégements généraux, CICE, Pacte de responsabilité…) représenteront bientôt cinquante milliards d’euros. Les deux tiers de ces allégements concernent les rémunérations inférieures à 1,5 SMIC et donc essentiellement des emplois protégés de la concurrence internationale. A contrario, les charges salariales demeurent élevées sur les emplois tournés vers l’exportation de biens et de services, ce qui nuit à notre compétitivité. Certains plaident pourtant pour un ciblage encore plus prononcé des allégements sur les bas salaires, afin de créer rapidement de l’emploi peu qualifié. Nous pensons, sur la base de travaux économiques récents, qu’il y a une meilleure voie à suivre.

 

Comme le résume parfaitement l’acronyme « CICE », les dispositifs d’allégement du coût du travail aujourd’hui en place visent deux objectifs distincts : l’amélioration de la compétitivité extérieure et la création d’emplois domestiques. Or, un même outil ne peut pas atteindre rapidement deux objectifs à la fois. Schématiquement, plus les allégements sont ciblés sur les bas salaires pour compenser le coût du Smic, plus ils servent à produire de l’emploi peu qualifié. Inversement, seule une baisse du coût du travail sur les salaires intermédiaires peut augmenter la compétitivité à l’export.

Selon une idée fausse tenace, le soutien à la compétitivité se ferait au détriment de l’emploi. Cela n’est vrai qu’à court terme. Au-delà de trois ans, la compétitivité est source d’emplois, et d’emplois qualifiés qui plus est.

Dans tous les cas, il faut garder à l’esprit que les mesures d’allégement du coût du travail ont le même type d’effets que les dévaluations : transitoires et dépendants des conditions dans lesquelles elles sont conduites. Par exemple, elles n’ont d’effet ni sur la compétitivité ni sur l’emploi si elles sont utilisées pour augmenter les salaires réels.

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